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Les navires de Cnaeus et Sextus Pompée sur leur monnayage

réf. : fr.1948.2019 | 17 mars 2019 | par Francis Leveque
monnaies | 3e quart du Ier siècle av. J.-C.
Sicile ( Italie )
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Le monnayage des fils de Pompée traduit bien leur engagement en opposition à César puis au second triumvirat. Le choix des sujets figurés sur ce support et leur orientation ont un sens qui était évident à l’époque. Il est bien plus opaque aujourd’hui. Ce langage muet doit cependant être mis en évidence. Il permet ainsi de redéfinir la date des émissions monétaires de Q. Nasidius et le nom de l’autorité qui lui confie cette responsabilité.
L’étude de ces émissions monétaires au sein d’une analyse chronologique complète remet en perspective les hésitations de quelques spécialistes. Une nouvelle solution leur est proposée localiser et dater certaines pièces.
Cette analyse inclue toutes les mentions de navires et de flottes liées aux diverses rivalités politiques des fils de Pompée. Il faut imaginer, tout autour de la Sicile, des flottes de plusieurs centaines de navires de toute taille qui se sont opposées jusqu’à la défaite définitive de Sextus Pompée et du parti pompéiste.

La famille Pompée et la guerre sociale

La gens Pompeia est originaire du Picenum, une région côtière, sur l’Adriatique, où les principales villes sont les ports d’Ancône et de Potentia, et la cité d’Asculum. L’histoire de son père, Pompée le Grand, et de son grand-père avant lui, Pompée Strabo, a forcément marqué les choix de Sextus Pompée.

Cnaeus Pompeius Strabo possède des domaines si vastes dans le Picenum qu’il est en mesure de lever lui-même des troupes parmi ses tenanciers [1]. Il devient consul en 89 av. J.-C. lorsqu’éclate la guerre sociale qui oppose la République romaine et ses alliés italiens.

La guerre dure de 90 à 88 av. J.-C et Pompeius Strabo se fait remarquer tant par ses succès (prise de la ville d’Asculum en novembre 89 av. J.-C.) que par son avarice qui lui vaut la haine du peuple de Rome. Plutarque a dit : « Jamais père n’aura réussi à obtenir tant de haine et son fils tant de gloire » [2].

Finalement, les alliés de Rome obtiennent satisfaction, et l’Italie est unifiée sous un seul régime juridique. En 90, la lex Julia accorde la citoyenneté à tous les habitants libres des cités italiennes qui ne se sont pas rebellées. Puis la lex Plautia Papiria, adoptée en 89, étend le droit de cité complet à tous les habitants libres d’Italie au sud du Pô. Elle est complétée par la lex Pompeia de 88 qui accorde la citoyenneté latine à tous les habitants de Gaule cisalpine transpadane (au nord du Pô).

Cette évolution juridique n’est pas un petit détail. Le droit latin accorde à une cité, à ses magistrats, en sortie de charge, la possibilité de devenir citoyens romains. Les autres membres de la cité se voient attribuer le conubium, le droit d’ester en justice et le commercium.
Le citoyen latin et le citoyen romain des cités italiennes pouvaient également s’installer à Rome (jus migrationis), s’inscrire dans une tribu et dès lors avoir le plein exercice de la citoyenneté. Ces nouveaux romains pouvaient notamment accéder aux magistratures et au sénat romain.
Les citoyens libres de ces municipes italien pouvaient également servir dans la légion, réservée aux citoyens romains, et dans la garde prétorienne (corps d’élite), et se partager le butin de guerre à égalité avec un citoyen romain, ce qui permit d’élargir le potentiel de recrutement.

Cette extension du droit fut plus tard un élément essentiel de la romanisation de l’Empire. Elle a permis d’intégrer les populations italiennes puis celles de tout l’Empire.

La famille Pompée et la guerre civile

Sur la scène politique romaine, la guerre sociale a profité à Sylla. Il a acquis un prestige considérable par ses victoires et par son habileté dans le commandement de ses soldats. À l’inverse, Marius a vu diminuer son prestige.

Cn. Pompeius Strabo est à l’origine de la loi Pompeia. On imagine l’émotion qu’elle a dû procurer à Rome : des Gaulois de Cisalpine peuvent devenir citoyens romains ! Même si cela ne concerne que l’élite, le citoyen romain a dû comprendre très vite le sens de cette ouverture du droit et il a réagi comme on le voit ces dernières années dans notre Europe contemporaine.

Après son consulat et la guerre, Cn. Pompée Strabo se retire dans sa région d’origine avec tous ses soldats vétérans. Mais Sylla et le sénat le sollicitent en 87 av. J.-C. pour combattre C. Marius et L. Cornelius Cinna. Il retourne alors à Rome mais ne s’engage pas trop.
Il meurt à ce moment là, et la foule se déchaine sur le corps du défunt. Elle arrache le corps de son lit funèbre et le traîne à dos d’âne dans Rome et finalement le jette dans le Tibre [3].

Pompée s’engage dans la guerre civile

Cn. Pompée (le futur Cnaeus Pompeius Magnus) est né en 106 av. J.-C. Après cette fin de vie brutale de son père, il reprend en main son armée et il retourne dans le Picenum.
Il se fait un temps oublier lorsque Rome est dominée par le camp de Marius. Mais au retour de Sylla, en 83, il lève une armée sur ses terres comme son père l’avait fait avant lui. Il n’a que 23 ans lorsqu’il s’autoproclame général et il chasse les marianistes.
Sylla l’envoie ensuite reprendre la Sicile puis l’Afrique. Victorieux, Sylla lui permet de célébrer son triomphe à Rome où il se présente avec un char tiré par 4 éléphants. Il reçoit alors le cognomen de « magnus ».
Sylla se retire de la politique en 80 av. J.-C. et meurt en Campanie en 78.

En 78, lorsque le consul Lépide s’oppose au Sénat depuis la Gaule Cisalpine, on envoie l’autre consul Catulus pour mater la rébellion en lui adjoignant Pompée.
L’année suivante il est envoyé en Espagne pour mater Sertorius, l’un des derniers optimates marianistes. Il traverse les Alpes avec son armée, réorganise la province de Gaule transalpine, et fait sa jonction avec Q. Caecilius Metellus Pius, proconsul d’Hispanie ultérieure. Il est d’abord battu plusieurs fois par Sertorius mais il réussi à lui prendre de plus en plus de villes, ce qui engendre davantage encore de ralliements. En 72, Sertorius est assassiné et le camp marianiste est définitivement défait.

En 71, Pompée aide Crassus à mater la révolte spartaquiste et il en retire tout le prestige aux dépends de Crassus.
Les deux hommes sont élus consuls pour l’année 70. Pompée célèbre son triomphe. A la sortie de leur mandat, les deux consuls renoncent au proconsulat dans une province.

La guerre contre les pirates, Pompée en Orient

C’est à cette époque que la piraterie connait un essor important, perturbant le transport de vivres vers Rome depuis la Sicile et l’Égypte, menaçant d’affamer la péninsule italienne. Pendant l’hiver 67 av. J.-C., Pompée reçoit un imperium exceptionnel pour éliminer la piraterie dans toute la Méditerranée. On lui confit 500 navires de guerre et de 120 000 hommes, l’équivalent de vingt légions, ce qui ne s’est pas fait sans oppositions.
Il accomplit sa mission en trois mois seulement, ce qui lui a permis de s’enrichir encore davantage, en mettant la main sur le butin des pirates de toute la Méditerranée. Il est désormais surnommé Neptune grâce à cette victoire sur les pirates.

En 66 av. J.-C., le sénat lui confie de nouveau des pouvoirs d’imperium exceptionnels en Asie mineure. Il remplace Lucullus qui n’arrivait pas à vaincre le roi du Pont Mithridate VI Eupator. Là aussi il ne lui faut que quelques mois pour le mettre en déroute.
Il met alors la pression sur le royaume d’Arménie. Le vieux roi Tigrane II cède à Rome la Sophène, la Syrie et la Phénicie, une partie de la Cappadoce et de la Cilicie. Il soumet plusieurs royaumes voisins, il impose la fin de la guerre entre l’Empire parthe et le Royaume d’Arménie et il fonde la province de Syrie. Il soumet la Judée en 63 en arbitrant en faveur d’Hyrcan II. C’est à ce moment qu’il entre dans le Saint des Saints à Jérusalem.
Il crée la province de Pont-Bithynie et les royaumes du Bosphore, de Cappadoce, d’Arménie, les principautés de Galatie et de Colchide deviennent des États vassaux de la République romaine.

Pompée rentre en Italie en décembre 62 av. J.-C. et licencie ses troupes pour montrer qu’il ne vient pas s’imposer par la force. Le Sénat, méfiant, lui fait cependant attendre 6 mois avant de célébrer son triomphe. Pompée se rapproche de César.

Le premier triumvirat

En 60 av. J.-C., Pompée forme le premier triumvirat avec Jules César et Crassus. Puis il épouse Julia, la fille de Jules César, en 59.
Seul à Rome, Pompée fait face à des affaires politiques. César est en Gaule Cisalpine et Crassus en Orient. La violence à Rome est de plus en plus fréquente dans les affaires politiques.

Parmi les affaires, Pompée reçoit, en 57, Ptolémée XII qui a été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire. Le Sénat, méfiant, hésite à envoyer un général qui en tirerait trop de prestige et de fortune, voire qui s’installerait au pouvoir.
Se passant de l’accord du Sénat, Pompée laisse Aulus Gabinius, proconsul de Syrie, et son jeune adjoint Marc Antoine, marcher sur l’Égypte, en 55, pour mater la révolte du peuple et rétablir Ptolémée XII.

Après l’entrevue de Lucques en 55, Pompée et Crassus redeviennent consuls et César voit la prolongation de son mandat en Gaule.
L’année suivante, alors qu’il quitte son mandat consulaire, Pompée devient proconsul de l’Hispanie pour cinq ans et prend le commandement de quatre légions. Crassus est nommé proconsul de Syrie. César est toujours en Gaule en quête d’une victoire prestigieuse. Mais la mort de Julia en couches rompt les liens entre César et Pompée.

En 53 av. J.-C., Crassus et son armée sont anéantis par les Parthes à Carrhes, ce qui met fin au triumvirat.

La guerre civile

En 52 av. J.-C., Pompée se rapproche du camp des optimates. Pour mettre fin au désordre et à la violence, le Sénat adopte un compromis et nomme Pompée consul unique. A la fin de son mandant, le calme est revenu à Rome et l’élection de deux nouveaux consuls pour l’année 51 rétablit la confiance.

César, proconsul des Gaules et de l’Illyricum, demande à conserver l’impérium (accordé en 55 à Lucques pour 5 ans) pour l’année 49 et poursuivre immédiatement par son 2e consulat en 48, faveur qui a été attribuée à Pompée et qu’il souhaite également pour lui même. Pompée, Caton, et d’autres membres du Sénat s’y opposent. La tension est vive. C’est à ce moment que César décide de marcher sur Rome en franchissant le Rubicon.

Rome panique, les sénateurs quittent la ville. Pompée rejoint ses deux légions à Capoue. Constatant son infériorité, il rejoint l’Orient où il trouve des légions plus nombreuses et plus aguerries. Pendant ce temps César s’est rendu maître de l’Italie mais il n’a pas de flotte.
César se rend en Hispanie pour en prendre le contrôle. Pour cela il doit passer par Marseille qui ne veut pas se soumettre et qu’il doit assiéger. Pompée y a envoyé ses légats Afranius, Varron et Domitius Ahenobarbus. Q. Nasidius a participé, avec une flotte de seize navires, au soutien maritime que Pompée le Grand, surnommé Neptune depuis sa victoire sur les pirates, a apporté à Marseille pendant le siège de César en 49 av. J.-C. [4]
Après s’être rendu maître de l’Occident, César se tourne vers Pompée en Epire. Après l’épisode de Dyrrachium (une sorte de match nul), Pompée est défait à Pharsale (Thessalie) le 9 août 48 et il s’enfuit en Egypte. Là bas, Ptolémée XIII doit beaucoup à Pompée car c’est lui qui a rétabli son père sur le trône d’Egypte. Mais Pompée est assassiné dès son arrivée par les hommes de Ptolémée XIII. Lorsque César arrive, le souverain croit lui faire plaisir en lui offrant la tête de son ennemi. Mais César est irrité et il offre lui-même des funérailles en hommage à Pompée. Il élève aussi un tombeau sur la plage de Péluse en son honneur et fait parvenir ses cendres à sa femme Cornelia. Pompée est enfin inhumé dans sa villa d’Albe, en Italie [5].

César, maître de Rome

César s’attarde à Alexandrie. Il a sans doute l’intention d’annexer l’Égypte. On lui prête une liaison avec Cléopatre VII [6], âgée de 21 ans. La noyade de Ptolémée XIII dans le Nil permet à César de quitter l’Egypte et d’y placer Cléopatre à sa tête, sous protectorat romain.
Celle-ci est invitée à Rome par César, ce qui lance une vive polémique. Elle y reste 2 années pendant lesquelles l’Égypte est administrée par les officiers de ses troupes restés à Alexandrie.

En juillet et août 47 av. J.-C. César est en Asie. Il bat Pharnace II à Zéla puis il rentre en Italie. Mais à la surprise de tous, il n’applique aucune proscription, aucune répression contre les pompéistes. Tous les écrivains loueront la paix et la clémence de César.

De nombreux partisans de Pompée se sont réfugiés en Afrique : Caton d’Utique, Metellus Scipion et quelques sénateurs comme M. Eppius. On y retrouve également les fils de Pompée, Cnaeus et Sextus. Q. Nasidius est probablement de ceux-là mais il n’est pas mentionné dans les sources. César leur inflige une lourde défaite à Thapsus le 6 avril 46. Puis il prend Utique vers le 16 avril où Caton se suicide. Parmi les grâciés figure M. Eppius.

En août et septembre 46, César célèbre par un quadruple triomphe ses victoires sur les Gaules, le Pont, l’Égypte et la Numidie. La paix est revenue. César distribue l’argent du butin aux citoyens romains et aux soldats. Il réforme l’administration des conquêtes romaines et fonde des colonies pour les vétérans.

L’opposition des derniers pompéistes en Afrique puis en Hispanie

Cnaeus Pompée est le fils aîné de Pompée et de Mucia Tercia, sa troisième épouse. Il est né en 75. Il fuit Rome avec son père lorsque César s’en approche après avoir franchi le Rubicon en 49. Il le suit en Orient et à Pharsale.
Sextus Pompée est le fils cadet du grand Pompée. Il est né en 68 av. J.-C. à Rome. En 49, il n’accompagne pas son père en Orient pendant sa lutte contre César : il n’a que 13 ans et il reste à Rome avec sa belle-mère Cornelia Metella. Il ne rejoint son père qu’en 48, à Mytilène, la capitale de l’île de Lesbos, après le défaite de Pharsale.
Ils accompagnent leur père en Egypte où ils le voient assassiné sous leurs yeux. Cornelia Metella rentre à Rome mais Sextus Pompée rejoint les partisans de Pompée en Afrique.

En 46 av. J.-C., la guerre avait repris dans la province d’Afrique contre le camp pompéiste. Ceux-ci avaient reçu le soutien de Juba Ier, roi de Numidie. Leur armée comprenait désormais selon Appien [7] huit légions romaines, une importante infanterie légère, 20 000 cavaliers et une soixantaine d’éléphants. Mais Cirta, la capitale de Juba, est attaquée par Bocchus II, roi de Maurétanie, avec lequel César a fait alliance. Juba repart avec son armée mais Mettelus Scipion conserve 80 000 hommes bien entraînés, et 60 éléphants [8].
Pendant une phase d’évaluation et d’escarmouches, deux légions pompéiennes rejoignent le camp de César. Des légions arrivent en renfort mais avec beaucoup de retard et de difficultés car César manquait de bateaux pour les transporter [9]. Les Optimates sont battus à la Bataille de Thapsus le 6 avril 46 av. J-C. Scipion est exécuté tout comme 10 000 soldats qui veulent se rendre à César (choix surprenant de la part de celui qui a le plus souvent fait preuve de générosité).
César poursuit jusqu’à Utique où Caton le Jeune perd le soutien de la cité et se suicide plutôt que de se rendre. [10]. César pardonne à son fils de 27 ans, Marcus Porcius Cato, à qui il accorde le retour à Rome. [11].
César a capturé les 60 éléphants. Il essaye de les domestiquer pour les faire combattre dans son armée, mais ils n’obéissent pas.

La guerre se poursuit en Espagne car les deux légions de vétérans de Pompée en Hispanie ultérieure (approximativement l’Andalousie et le sud du Portugal actuels), enrôlées pourtant dans l’armée de César, se déclarent fidèles au fils du grand Pompée. Cn. Pompée est accompagné de Titus Labienus, ancien lieutenant de César. Sextus Pompée les suit. Ils lèvent une armée composée de 13 légions : les deux légions de vétérans, une légion de citoyens romains vivant en Espagne et le reste composé de non-citoyens de la province. C’est une guerre sans merci.

Hispanie - 46-45 av. J.-C.
M. Publicius, issu d'une vielle famille romaine, est l'un des légats propéteurs de Cn Pompée. Il assure cette émission de deniers pour payer les troupes de Cn. Pompée. Ici, l'allégorie de l'Hispanie inférieure est équipée comme un soldat romain. Elle porte deux javelines sur l'épaule gauche et un petit bouclier (ou le paquetage) dans le dos. Face à elle Cn. Pompée, debout sur une proue, orienté à gauche, semble arriver sur place. Cela rappelle ces deux légions qui se sont déclarées fidèles aux fils de Pompée et qui ont dû les accueillir chaleureusement. (RRC 469)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
A la même date, M. Minatius Sabinus, originaire de Cosilinum (près de Sala Consilina) en Lucanie, fait office de questeur (pro quaestor), payeur des troupes. Il émet ces monnaies sur le même thème mais cette fois-ci Cn. Pompée (orienté à gauche) est descendu du navire avant de saluer les troupes d'Hispanie. (RRC 470/1a)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 

Denier de M. Minatius Sabinus pour Cn. Pompée, soldats entre 2 représentations de cités espagnoles

M. Minatius Sabinus émet aussi des deniers où un soldat pompéiste est accueilli par la représentation de 2 représentations de villes (RRC 470/1b), ce qui représente l'arrivée de Cn. Pompée en Espagne en 46.
 
Espagne - 45 av. J.-C.
Cette monnaie a été retrouvée en Espagne. Pompée le Grand, Pieux, Imperator, est figuré sur l'avers. La proue à droite sur le revers ne présente aucune différence avec les représentations contemporaines (RRC 471).
Source iconographique : lesdioscures.com - gallica.bnf.fr
 

Sur ses monnaies Cn. Pompée se fait toujours représenter debout, tourné vers la gauche. Sa titulature personnelle est toujours absente mais il inscrit celle de son père (Cn. Mag(nus) Pius) pour en utiliser le prestige. Un autre homme assure la responsabilité de l’émission des monnaies et porte son nom sur l’avers, dans la pure tradition romaine.

César a d’abord envoyé Caius Didius en Espagne contre les pompéistes, laissant sa flotte en Sardaigne. Cn. Pompée s’est emparé des Baléares. Il y est rejoint par Titus Labienus et sa flotte. Ensemble ils parcourent la côte d’Hispanie et prennent de nombreuses villes. Ils font le siège de Carthagène et reçoivent les renforts de partisans comme Titus Quinctius Scapula qui avait soulevé la Bétique contre César.
Quand César décide d’intervenir personnellement en Hispanie, Cn. Pompée se retire en Bétique (l’Andalousie actuelle), la flotte de Quintus Attius Varus est battue par celle de Caius Didius lors d’un combat naval près de Carteia. Varus met ses navires à l’ancre sur le rivage et s’enfuit. Une partie de la flotte de Didius s’échoue sur les récifs.

César arrive en Espagne, à la surprise de tous, début décembre 46. Sa rapidité montre qu’il n’est pas venu par terre comme en 49 mais par la mer à une période où la mer est normalement « fermée ». Il tente d’attirer Cn. Pompée vers Corduba (Cordoue, capitale de l’Hispanie ultérieure) mais c’est son frère Sextus qui en assure la défense tandis que Cnaeus poursuit le siège d’Ulipia, seule ville portuaire restée fidèle à César. Celui-ci ne peut prendre Corduba mais il réussit à s’emparer de la ville fortifiée d’Ategua pendant l’hiver et à profiter de ses réserves de blé. De nombreux romains rejoignent alors César. Alors Cn. Pompée change de stratégie et cherche l’affrontement décisif.
César bat ses derniers adversaires le 17 mars 45 av. J.-C. à Munda. Les 13 légions pompéistes sont défaites et leurs aigles capturées. Labiénus meurt sur le champ de bataille et César fait en sorte que les honneurs funéraires lui soient rendus. Munda et Corduba doivent se rendre. Cnaeus Pompée constate que sa flotte à Carteia s’était ralliée à César. Il ne peut même pas s’emparer d’un navire pour fuir. Il cherche alors son salut dans les terres mais il est arrêté par Lucius Caesennius Lento et exécuté. Didius a été attaqué et tué par les soldats lusitaniens.
Sextus Pompée a pu s’échapper mais il ne dispose plus d’une armée susceptible de troubler César.

Sextus Pompée prend la relève du parti pompéiste

Après Munda, Sextus Pompée ne dispose plus de forces suffisantes. Il est jeune et inexpérimenté, à tel point que même César semble ne pas s’en soucier [12]. Mais il parvient à rallier des troupes fidèles petit à petit en Bétique. César lui envoie C. Carrinas, consul suffect en 45, comme gouverneur d’Hispanie ultérieure, mais Sextus Pompée évite l’affrontement direct. L’année suivante il le remplace par Caius Asinius Pollio, un partisan très proche de César.
Son monnayage est alors restreint car il ne dispose plus des ressources nécessaires à une émission de grande ampleur.

Ces deux as de bronze comportent encore la titulature de Pompée le Grand : Cn. Mag(nus) Pius Imp(erator). Il n’est fait mention ni de Cnaeus ni de Sextus. On peut penser logiquement que l’absence du premier indique qu’il est mort et que le second, ne se sentant pas encore assez légitime, donc entretient le souvenir de son père.
Les deux visages de Janus montrent un homme plus jeune que l’autre.

Espagne - 44-43 av. J.-C.

Denier de Sextus Pompée imperator et Piété au revers qui porte une palme (RRC 477)

Cette pièce est le premier denier émis pour Sextus Pompée lui-même. Son nom ({Sextus Magnus Imperator}) entoure le visage de son père Pompée Le Grand orienté à droite, mais d'autres exemplaire présentent un visage tourné à gauche. Au revers Piété apporte une palme de la paix. Ce denier ne présente aucun signe d'opposition. Il a pu être émis après la victoire significative de Sextus Pompée sur Asinius Pollion. Et aussi après son retour en grâce à Rome ? (RRC 477)
Source iconographique : L.A. Lawrence coll.
 

Jusque là aucun des fils de Pompée n’avait osé représenter le visage de l’avers orienté à gauche. Avec ce denier de la Pietas, Sextus commence à le faire sur certains exemplaires. Même si ce visage est toujours celui du père.
Cette monnaie est un tournant des choix politiques de Sextus Pompée. Désormais son nom accompagne la titulature de son père : Sex(tus) Magn(us)·Pius Imp(erator) SAL : Sextus (fils de Pompée) le Grand Pieux Imp(erator).

Il préparait un assaut contre Carthagène lorsqu’il apprend l’assassinat de César en mars 44. Il n’y a donc pas pris part [13]. Il avait continué la lutte en Hispanie et il obtient même des succès en Bétique contre Asinius Pollion début 44, ce qui lui permet d’être salué imperator par ses troupes.
Lépide est alors désigné gouverneur de l’Espagne Citérieure en plus de la Gaule Narbonnaise [14]. Il est alors maître de la plus nombreuse armée romaine. Il est chargé de négocier le ralliement de Sextus Pompée [15]. Lorsque Lépide conclut la paix avec ce dernier, Antoine fait voter au Sénat une supplication en faveur de Lépide le 28 novembre 44 pour avoir mené à bien les négociations. Sextus Pompée reçoit un rappel d’exil du Sénat [16].
Il avait été convenu que Sextus Pompée quitte l’Espagne [17]. D’après Appien, il semble se trouver à Marseille après les négociations, donc en 43 [18]. Prudent, il ne rentre pas à Rome et il attend de voir comment se terminent les événements de cette année-là. Contrairement à l’extrapolation de certains historiens, il n’est nulle part mention de base navale à Marseille dans les sources.

A la fin de l’année 44, Antoine, qui termine son mandat de consul, est en mauvaise posture. Isolé en Gaule cisalpine et au Sénat, il est battu à Modène par Octave le 21 avril 43. Les deux consuls de 43 sont morts au combat donc Octave reste le seul maître de l’armée et très influent au Sénat avec Cicéron. Pour les remplacer, en aout, Octave se fait nommer consul pour le reste de l’année.

C’est dans ce contexte que le Sénat déclare Marc Antoine ennemi public, le 28 avril 43 et Octave donne des responsabilités importantes à tous ses ennemis. C’est ainsi que le Sénat nomme Sextus Pompée commandant en chef des flottes de la République (Praefectus classis et orae maritimae) la veille, le 27 avril 43 [19], et l’autorise à établir la base militaire de sa flotte à Marseille [20] (précisément dans une région contrôlée par Lépide). En juin c’est Lépide qui est déclaré ennemi public à son tour parce qu’il s’est rapproché d’Antoine.

Mais les rapports de force évoluent à la fin de l’année 43. Au début de novembre 43 Lépide, Antoine et Octave se rencontrent près de Bologne et forment un triumvirat. Ils se répartissent les provinces : Octave reçoit la Libye, la Sardaigne et la Sicile ; Lépide l’Espagne et la Narbonnaise ; Antoine la Gaule [21]. Sextus Pompée fait les frais de cette entente : à la demande d’Octave, le Sénat le déclare « ennemi public » [22] et inclue son nom parmi les listes de proscriptions à la demande d’Octave [23] fin novembre 43 av. J.-C. Cependant, l’élimination de Brutus et Cassius est la priorité du triumvirat ce qui lui laisse un répit.

L’année 43 est donc une vraie période de transition pour Sextus Pompée : d’abord réintégré officiellement dans les instances romaines, il termine l’année exclu par la méthode de la proscription. Pendant cette période de réintégration, on le voit mal conserver dans les cales de ses navires des monnaies émises l’année précédente lorsqu’il était en rébellion. Surtout des monnaies de bronze, lourdes et de peu de valeur par rapport à un chargement d’argent, moins lourd et de plus forte valeur. S’il a transporté un trésor métallique, celui-ci devait être composé plutôt de lingots d’argent.

Sextus Pompée s’implique en Sicile

La situation géopolitique des année 44-43 doit être précisée. J’insisterai sur un détail souvent passé sous silence : A. Pompeius Bithynicus est praetor en Sicile depuis 44 au moins, poste qu’il occupe lors de l’assassinat de César. Bithynicus est un pompéiste, son père a été tué en Egypte en même temps que le Grand Pompée. En 44, Bithynicus a un avenir politique qui n’a pas dû passer inaperçu. La suite des événements ne doit pas nous aveugler.
Sextus Pompée se retrouve sans légitimité à la fin du mois de novembre 43 lorsque le Sénat lui retire ses fonctions et l’inclut parmi les proscrits. Il se cherche un nouveau point de chute à partir de la création du triumvirat [24]. Cela montre bien qu’il ne dispose pas d’une base navale importante mais surtout fidèle, ce qui ne l’empêche pas de s’appuyer sur des fidélités dans certains ports.
Il rejoint la Sicile assez naturellement puisque Bithynicus est son parent et pompeiste. Puis les deux hommes s’opposent (il n’est pas dit que l’opposition ait été immédiate, l’histoire a pu être raccourcie). Il rallie de nombreuses cités (Tyndaris, Mylae) sans coup férir et fait le siège de Messine, la capitale de l’île, où se trouve Bithynicus. Finalement les deux hommes trouvent un accord grâce à l’intercession de partisans comme Hirtius et Fannius [25], et ils se partagent le pouvoir à égalité [26]. La version officielle de Dion Cassius dit que Sextus Pompée le fera mettre à mort peu de temps après [27]. Mais Appien n’en parle pas, il dit que Bithynicus s’est retiré [28]. Cette lutte et sa conclusion n’a pu intervenir que fin 43 ou début 42.

Or la version de Dion Cassius interroge. Si Sextus avait fait mettre à mort son cousin Bithynicus, gouverneur de Sicile, la chose lui aurait été reprochée bien plus clairement et sévèrement par ses contemporains. Or l’événement est souvent oublié, notamment par Appien.
De plus, avant de figurer parmi les proscrits et d’être désigné « ennemi public » à la fin novembre 43, le rôle de Sextus Pompée est tout à fait officiel et sûr. Il n’a pas besoin de s’opposer à Bithynicus avant cette date. Rien ne dit que les contacts n’ont pas déjà été pris : avec sa flotte Sextus Pompée pouvait aborder les côtes de Sicile. On remarquera que les 2 ports « conquis » par Sextus Pompée, Tyndaris et Mylae, se trouvent sur la côte nord de l’île, près de Messine, et qu’ils ont pu lui servir de longue date de point d’appui à sa flotte. Ceci expliquerait qu’il n’ait pas eu besoin de batailler pour en prendre possession. La même situation a pu intervenir ailleurs.
On ne voit pas non plus pourquoi Sextus Pompée aurait effectué quelques émissions monétaires avant de devenir maître de la Sicile, il n’a pas l’autorité pour cela. Et le Sénat doit logiquement pourvoir au paiement de ses marins.

Les villes qu’occupe Sextus Pompée sont en fait des ports de taille modeste qui lui permettent de faire le siège de Messine où se trouve Bithynicus. Dion Cassius précise qu’il reçoit de nombreux ralliements. Appien [29] précise que Fannius (fils du propréteur de Sicile en 54 puis gouverneur d’Asie ?) et Hirtius (fils du consul de 43 ?), pompéistes notoires, ont tenté un rapprochement et ils ont obtenu que les deux hommes partagent le pouvoir. ils ont dû obtenir quelques succès.
Dion Cassius nous informe que Sextus Pompée s’est emparé du questeur de Bithynicus et de son argent [30]. Et l’accord semble trouvé immédiatement après l’événement. Or il semble difficile d’imaginer qu’un tel homme tombe facilement dans les mains de son adversaire. D’autant qu’il devait être à l’abri dans Messine. Je pense plutôt que le questeur a laché Bithynicus et qu’il s’est rallié à la cause de Sextus Pompée. Peut-on le relier à Q. Nasidius ? Il est possible que le monnayeur Q. Nasidius ait fait parti des ralliés à ce moment mais aucune source ne le précise.
Pourquoi tant de défections autour de Bithynicus ? Les raisons ne sont jamais données par les contemporains. Bithynicus s’est-il montré favorable au Sénat et à Octave pour garder son poste, ce qui aurait fâché les pompéistes qui trouvaient la liste de proscrits injuste ? A-t-il souffert d’ennuis de santé qui l’auraient empêché de s’opposer à Sextus Pompée et d’imaginer gouverner sereinement la province ? Est-ce la faiblesse de Bithynicus qui pousse Sextus Pompée à prendre la relève ou a-t-il été le maître d’oeuvre de son ascension ?

La mort de Bithynicus n’est peut-être qu’une aubaine. Sextus Pompée s’impose en lieu et place de Bithnynicus. Et c’est peut-être ce remplacement de Bithynicus (même s’il n’a pas été officiel au départ mais seulement pour un interim) qui a pu offenser encore davantage Octave. Le parti pompéiste y conservait un refuge arrangeant après la publication des listes de proscrits, un refuge proche de Rome.
Plus tard, ce scénario est facile à détourner de la part de la propagande d’Octave contre son adversaire : Sextus devient usurpateur mais c’est difficile à continuer de l’affirmer après coup puisque Sextus Pompée sera légitimé à ce poste par la suite, à l’occasion d’une trêve en 39.
La propagande d’Octave devenu Auguste avait tout à gagner à accuser Sextus Pompée de rébellion et d’attirer à lui les esclaves en fuite. Ce thème est fréquent pendant les guerres civiles et très porteur à Rome pour dénigrer son adversaire. La réalité a peut-être été grossie. Mais l’accusation permet de justifier celui qui l’a emporté au final.

Les deniers de Q. Nasidius

On a longtemps cru que le monnayage de Q. Nasidius avait eu lieu à Marseille en 44 et il était même attribué à Sextus Pompée. Le thème marin et des symboles pompéistes serviraient la propagande politique du fils cadet de Pompée Le grand.
S. Estiot a bien montré qu’il n’en était rien. Il ne correspond pas aux habitudes de frappe des ateliers marseillais. Cependant elle a démontré qu’il existait très tôt, dès l’installation de Sextus Pompée en Sicile.
L’émission en Sicile et la représentation de Pompée le Grand ont longtemps fait croire que Q. Nasidius était au service de Sextus Pompée dès son arrivée en Sicile. Nous allons montrer que cette pièce était antérieur et qu’il ne pouvait pas émettre cette monnaie pour le compte de Sextus Pompée mais pour celui de A. Pompeius Bithynicus.

Parce qu’on sait que Q. Nasidius et Sextus Pompée font cause commune par la suite on en a déduit, sans preuve, une association ancienne et permanente. On a extrapolé une alliance anticipée. L. Amela Valverde ne s’interroge même pas [31]. Pour lui c’est une évidence. Mais on se demande où sont les arguments.
Bien sûr Nasidius fait représenter Pompée mais rien n’indique sur ses monnaies qu’il ne se soumet pas au Sénat. Rien n’indique non plus la moindre allusion à Sextus Pompée. Q. Nasidius utilise d’autres thèmes que les fils de Pompée en Espagne (par ex. : Neptune, le navire antier, l’étoile, l’homme seul faisant signe à la proue du navire). De plus le thème de la naumachie sur l’un de ses deniers rappelle celle que César a été le premier à donner en 46 lors de son quadruple triomphe.

Comme l’explique S. Estiot, les monnaies de Q. Nasidius datent de la Sicile au moins en 43. Nous sommes alors encore sous la direction du gouverneur A. Pompeius Bithynicus. Dans le trésor de Pasquariello, qui se termine par des monnaies émises en 43, on retrouve le denier de Q. Nasidius au voilier (RRC 483/2) à un exemplaire mais il ne compte pas de denier de Sextus Pompée. Idem pour les trésors d’Altino, de Terni et de Civitella in Val di Chiana, qui se terminent par des monnaies de 42 [32].
Les deniers de Q. Nasidius ont donc circulé bien avant la date de 38-36 que leur attribuent Babelon, Grueber et Sydenham. Cette datation doit être oubliée. Il est cependant envisageable de remonter les émissions de Q. Nasidius à 44 (ou 45 ?) en Sicile tant le thème de la naumachie a pu flatter César de son vivant. Mais il restera toujours un flou parce qu’on ne sait pas la date exacte à laquelle Bithynicus a reçu la Sicile de la part de César.
Cela nous conduit donc à retrouver la datation proposée par Crawford, 44-43 av. J.-C. Mais, pour moi, Q. Nasidius n’émet pas ces pièces pour Sextus Pompée, et pas depuis Marseille. Il est alors au service du gouverneur de Sicile A. Pompeius Bithynicus dont nous avons dressé le parcours ci-dessus. A cette date, ce dernier est sans doute le leader des partisans de Pompée. Il est le seul à disposer d’un mandat officiel et rémunérateur. En contre-partie, Sextus Pompée est bien peu de chose. Ce jeune homme errant s’est donc logiquement rapproché du gouverneur de sa famille et de son parti.

Denier de Q. Nasidius pour A. Pompeius Bithynicus
Sicile - 44 av. J.-C.
Q. Nasidius présente au revers de ce denier un combat naval où les soldats s'affrontent sur 4 galères et Pompée orienté à gauche sur l'avers. En fait il montre une naumachie, que César a été le premier à organiser pour ses triomphes de 46. C'est la première émission de Q. Nasidius sous l'autorité du gouverneur A. Pompeius Bithynicus en 44, à une époque où celui-ci s'est réconcilié avec César qui lui a confié la Sicile. (RRC 483/1)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
Denier de Q. Nasidius pour A. Pompeius Bithynicus
Sicile - 44-43 av. J.-C.
Q. Nasidius est au service de A. Pompeius Bithynicus, gouverneur de Sicile. Le monnayage qu'il organise est fortement marqué par le thème pompéiste car le père de Bithynicus était proche du Grand Pompée. Celui-ci est représenté sur l'avers, orienté à droite, donc légitimé, et le parti pompéiste se trouve un nouveau leader. (RRC 483/2)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
Naumachie de la maison des Vettii à Pompei
Décor du début du Ier siècle ap. J.-C.
Plusieurs scènes navales ornent les murs de cette villa. On notera les similitudes avec la scène sur le denier de Q. Nasidius
 

Reste à trouver l’ordre chronologique de ces deux émissions. Deux hypothèses restent possibles qu’aucun indice ne vient étayer ou infirmer pour l’instant :
1) La monnaie à la naumachie est émise en premier. Elle date du début 44 et elle a été arrêtée à la mort de César puis remplacée par celle au navire. Sur la première Pompée est orienté à gauche (rebelle), sur la seconde il est à droite (réhabilité) ; par ce changement d’orientation on montre que l’opposant est devenu fréquentable. Le message complémentaire au revers passe d’une soumission à César à un espoir grâce au navire pompéiste. A. Pompeius Bithynicus a pu être l’homme qui représentait cet espoir (sa mort prématurée ne doit pas cacher la réalité de l’année 44). Puis Sextus Pompée a pris le relais en 42 (en 44, il est très voire trop jeune : il n’a que 24 ans). La monnaie au navire daterait donc de la 2e moitié de 44 et de l’année 43.
2) L’ordre est inversé : la monnaie au navire d’abord et celle à la naumachie ensuite. Le message est alors totalement différent. L’auteur de la pièce honore Pompée rétabli dans la légitimité (orientation à droite) et montre un espoir par un homme arrivé sur un navire. Emise avant mars 44, il est difficile d’admettre que César n’est pas l’homme providentiel ici : il n’a pas pu laisser l’émission se poursuivre sous son autorité si elle ne lui est pas profitable. Mais il a laissé l’image de Pompée légitimé (orienté à droite). Difficile à justifier ; la monnaie est plutôt postérieure à sa mort, lorsque le parti pompéiste reprend espoir. La monnaie à la naumachie serait alors émise en 43. Elle montre cette fois Pompée à gauche donc opposé au Sénat, et une naumachie dont on sait qu’elle renvoie à la glorification de César. Le message de l’auteur consisterait à montrer une allégeance au souvenir de César ce qui n’a pas dû satisfaire les pompéistes réunis en Sicile. On peut imaginer des oppositions vives dans leur groupe et, lorsque Sextus Pompée s’impose ensuite en Sicile fin 43 ou début 42, il fait arrêter ce monnayage et il le remplace par une propagande à son avantage.
J’ai une préférence pour la première hypothèse.

Sicile - 43 av. J.-C.
Au même moment que Q. Nasidius, M. Eppius, partisan pompéiste déjà mentionné par Cicéron en 49, émet ces as de bronze en Sicile pour la vie quotidienne en 43. (RRC 478)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 

On ne peut attribuer cette émission à Sextus Pompée qui n’est alors pas maître de la Sicile mais il est plus logique de l’attribuer à A. Pompeius Bithynicus. Il en a la légitimité et le thème pompéiste ne surprend pas de sa part. Il fait donc appel à 2 fidèles pour battre ses monnaies de 2 types différents. Et chacun y apporte son nom. Il n’est pas besoin d’imaginer un atelier à Marseille alors qu’on ne trouve ces as quasiment qu’en Sicile.

Sextus Pompée en Sicile face au triumvirat

On a beaucoup dit que Sextus Pompée a émis une série de monnaies officielles très tôt après sa nomination comme préfet de la flotte par le Sénat. A cette époque il n’a pas d’ancrage territorial, on lui confie la mer. Je ne vois pas où il a pu installer un atelier monétaire et quelle légitimité il a pour le faire. Ni quel intérêt il peut avoir alors pour battre monnaie : s’il est rétabli dans la légitimité du pouvoir romain, c’est Rome qui bat officiellement monnaie pour payer les troupes de tout le monde.
Appien nous dit qu’il était à Marseille avant d’avoir reçu cette fonction (donc avant avril 43) ce qui ne permet pas d’attribuer son monnayage dans cette cité après cette date. En 43, pendant près de six mois, d’avril jusqu’à son inscription sur la liste des proscrits en novembre, il exerce donc cette charge officielle de préfet de la flotte et on n’a aucune preuve qu’il ait pu battre monnaie. Le temps a d’ailleurs dû lui manquer.

C’est plutôt après s’être imposé en Sicile qu’il en a les moyens et la légitimité. La titulature sur cette monnaie est bien la sienne. C’est lui qui était préfet de la flotte en 43 par décision du Sénat : Praef(ectus) clas(sis) et orae marit(imae) ex s(enatus) c(onsulto). Ce poste officiel prend une grande importance car il est le premier de sa carière. Il le mentionnera désormais sur toutes ses monnaies même après avoir été limogé.
Comme il n’a pas accepté qu’on lui retire sa charge de préfet de la flotte, il la mentionne systématiquement sur ses propres monnaies postérieures à 43, ce qui permet de contester son limogeage.
Sur l’avers, il indique ses titres : « Magnus Pius imperator iterum ». Il est bien le seul de la famille Pompée à mentionner cette double acclamation Imperator pas ses troupes. Puis il développe plusieurs thèmes, notamment son attachement à son père (son visage occupe encore l’avers) et ses victoires navales.

Finalement Sextus Pompée s’est bien imposé en Sicile, par opportunisme ou par calcul. En 42, de nombreux proscrits ont trouvé refuge auprès de lui [33] puisqu’il est l’un des derniers pompéistes. Le nouveau maître de la Sicile attire aussi à lui des déserteurs et des esclaves en fuite. Il rassemble une importante flotte composée des flottes de Menas-Menodore, Menecrates et Démochars, des amiraux compétents. Q. Nasidius fait sans doute partie de ceux-là. Il a trouvé également des navires à Syracuse et dans d’autres villes [34]. Cette flotte sera son instrument politique pour tenter de s’imposer.
De la Sicile, il intercepte les navires de ravitaillement de blé à destination de Rome comme Cn. Domitius Ahenobarbus le fait dans le canal d’Otrante. Il joue la carte économique contre le Sénat aux mains du triumvirat. Il acquiert des moyens importants pour payer et nourrir ses partisans en Sicile.

En 42, Lépide est consul. Les proscriptions s’assouplissent en janvier et n’ont pas fait beaucoup de victimes. Elles ont cependant marqué les esprits.

Sextus Pompée se sent si fort qu’il tente une opération sur le sol italien [35] sans doute à la fin du printemps 42. Octave envoie Q. Salvidienus Rufus s’y opposer. Dion Cassius précise le lieu : Rhegium, Reggio de Calabre, ville côtière du sud de l’Italie, séparée de la Sicile par le détroit de Messine. On en déduit que Sextus Pompée avait tenté de débarquer de ce côté du détroit. Salvidienus réussit pourtant à l’en chasser.

Mais Sextus Pompée repousse la flotte d’Octave, commandée par Q. Salvidienus Rufus, à l’été 42, dans le détroit de Messine, près de Reggio, devant le promontoire du Scyllaeum, et sous les yeux d’Octave. Ses navires, plus petits et plus maniables que ceux de Salvidienus, étaient aussi plus rapides. Les navires plus lourds de Salvidienus ont subi la houle et le courant du détroit. La bataille a dû être longue, à moins qu’elle ait commencé tard. A la nuit tombante Salvidienus sonne la retraite le premier vers le port de Balaros (non identifié), ce qui laisse Sextus Pompée maître du terrain et donc vainqueur [36].
Il devient alors le maître de la Méditerranée occidentale [37]. On l’avait même surnommé le « fils de Neptune », en référence à son père, Pompée le Grand, qui avait reçu le commandement de toutes les flottes [38]. Pour S. Estiot, c’est logiquement à la suite de cette victoire que Sextus Pompée est acclamé imperator pour le seconde fois (imperator iterum).
Puis Octave quitte la région pour rejoindre Antoine à Brindes. Avant de partir il s’assure de la fidélité des villes de Reghium et Hipponium par des promesses. Il craint sans doute une nouvelle attaque de Sextus Pompée, ce qui signifie qu’il l’a déjà fait auparavant. Dion Cassius précise qu’il dépasse la Sicile en la laissant à sa gauche. A-t-il dû faire le tour de l’île pour rejoindre Brindes, ce qu’il aurait fait en très peu de temps ?

Désormais Sextus se met en scène ou met en scène sa propagande politique sur ses monnaies. Le premier thème représente le courage et la piété familiale par la représentation des frères de Catane, Anapias et Amphinomos, portant père et mère sur leurs épaules pour échapper à une éruption de l’Etna. Pour se faire accepter en Sicile, Sextus pompée exploite une ancienne légende bien connue et représentée sur l’avers de monnaies de bronze émise à Catane depuis longtemps.
Au milieu de ces deux fils mythiques, Neptune commence à jouer un rôle. Il apporte ici son soutien en faisant don d’un aplustre. Le sens de l’allusion (Neptune = Pompée le Grand) a dû être bien compris de ses contemporains car Sextus Pompée va l’exploiter à de nombreuses reprises.

Monnayage de Sextus Pompée en Sicile
Sicile - début 42 av. J.-C.
Sextus Pompée n'est pas expressément la personne figurée sur l'avers, il s'agit plutôt encore de son père, Pompée le Grand, Pieux, Imperator. Mais lorsque Sextus Pompée a été acclamé imperator pour la seconde fois en 42 suite à une victoire sur Salvidienus il ne manque pas de le signaler (c'est le cas sur les deniers). Cette monnaie a donc été émise début 42 dès qu'il s'est imposé en Sicile. (RRC 479)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
Sicile - fin 42 av. J.-C.
Ce denier est le premier émis par Sextus Pompée en Sicile. Il devient préfet de la flotte en 43, il s'impose en Sicile fin 43/début 42 et cette monnaie est présente dans le trésor monétaire d’Alvignano daté de 42. Le thème de la victoire est absent mais on y voit Neptune, appuyé sur une proue orientée à gauche, qui semble offrir un aplustre à 4 branches à une époque où Sextus étoffe sa flotte. Neptune semble plutôt protecteur que vainqueur. Les frères de Catane, Anapias et Amphinomos, portant père et mère sur leurs épaules, symbolisent ici Sextus et son frère Cnaeus, le courage et la fidélité, et doublent le même thème qu'Octave fait représenté Enée portant Anchise la même année sur un aureus. (RRC 511/3a)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 

Une fois les forces de Cassius et Brutus battues lors la bataille de Philippes en Macédoine orientale, en septembre-octobre 42, Sextus reçoit encore le secours de deux légions et 80 navires rescapés. Il dispose désormais d’une flotte et d’une armée nombreuses et aguerries lorsque le triumvirat porte son attention sur lui. Octave et Antoine accusent Lépide de s’entendre avec Sextus Pompée et se partagent ses provinces [39]. Ils ne lui laissent que l’Afrique.
C’est certainement à cette époque que Sextus Pompée bénéficie du plus grand nombre de ralliements et de ressources, et qu’il a le plus besoin de moyens pour payer les troupes. Ses monnaies portent désormais le thème de la victoire navale et sa double acclamation imperator.

En 41, alors qu’Octave est occupé en Gaule face à Q. Calenus Fufius, Sextus Pompée fait une nouvelle incursion en Italie. Il occupe plusieurs places fortes [40].
Pendant les années qui suivent, plusieurs batailles ont lieu dont aucun parti ne tire avantage. Néanmoins, en 40, l’amiral de Sextus, Menas, ancien affranchi de Pompée le Grand, se permet d’intervenir en Etrurie. Puis il bat M. Lurius, gouverneur de la Sardaigne, sur mer après lui avoir fait croire à une fuite et il prend le contrôle de l’île [41]. Sextus s’empare également de la Corse, et son blocus affame Rome.

Sextus Pompée change de comportement politique. Il a pris de l’importance et il contrôle une armée, une flotte et des régions importantes et stratégiques : Sicile, Sardaigne, Corse. Il s’affirme et devient lui même un choix politique à égalité avec les triumvirs Octave, Lépide et Marc Antoine, un choix qui convient à de nombreux romains. Son monnayage change.

Monnayage de Sextus Pompée face aux triumvirs
Sicile - 42-39 av. J.-C.
Cette fois Sextus Pompée se présente sur l'avers de ce denier. Il exploite le titre de Préfet de la flotte et de la côte maritime que le Sénat lui a donné en avril 43. (RRC 511/2a)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
Sicile - 42-39 av. J.-C.
Sextus Pompée célèbre ici une victoire sur l'avers et il fait usage de son titre de Préfet de la flotte et de la côte maritime que le Sénat lui a donné en 43. Neptune triomphe le pied posé sur un éperon à droite (celui de son adversaire Octave) tandis que son navire est orienté à gauche (sens de l'opposition). (RRC 511/4a)
Source iconographique : Fr. LEVEQUE
 
aureus de Sextus Pompée
Sicile - 42-39 av. J.-C.

Aureus de Sextus Pompée

Sextus Pompée associe des symboles auguraux : le lituus à la figure de son père qui était augure et le trépied des quindécimvirs sacris faciundis à la figure de son frère, mais pas pour lui même au droit car il n'est augure qu'en 39. (RRC 511/1)
Source iconographique : NAC 67/2012, 105 = Rollin & Feuardent 1887 D'Amecourt
 

Son monnayage change après un événement essentiel. Il ne fait plus figurer sa flotte mais ses victoires : trophée maritime et Neptune triomphant au sommet d’un phare. Désormais Sextus Pompée fait représenter son portrait sur l’avers de ses monnaies. Il se sent légitime donc son portrait est orienté à droite. Il se représente lui-même avec les attributs de Neptune (trident, dauphin).
Le thème maritime s’inspire de sa domination sur sur les mers : le phare, le monstre Scylla, le navire de guerre ou certains des ses élements marquants (aplustre, stolos, éperon). Et sa titulature précise toujours son poste de préfet de la flotte et sa double acclamation imperator (Imperator iterum).
Remarquons également qu’aucun nom de monnayeur ne figure sur ses émissions monétaires.

Des pourparlers de paix s’engagent car le peuple italien subit la disette pendant l’hiver 40-39 et Rome connait des émeutes.
Au pacte de Brindes conclu entre Octave et Marc Antoine en septembre 40, Antoine est reconnu comme maître de l’Orient et Octave de l’Occident, tandis que Lépide reste maître de l’Afrique. Comme le dit S. Estiot, Sextus Pompée a été écarté alors que son importance politique a été « parfaitement compris(e) et assimilé(e), non seulement par l’élite politique et par les partisans de Sextus, mais aussi par le peuple romain. En effet, en novembre 40, pour manifester son mécontentement de voir Sextus écarté de toute négociation qui aurait permis de mettre fin à la famine en assurant le retour des convois de l’annone, le peuple de Rome acclama la statue de Neptune au cours de Jeux plébéiens. Puis, quand les jours suivants elle ne fut plus produite dans la procession, il se révolta, jeta les magistrats hors du Forum, abattit les statues d’Antoine et d’Octave, avant de s’en prendre à Octave qui fut blessé au cours de l’émeute et ne put être dégagé qu’avec l’intervention armée d’Antoine » [42]. Le peuple de Rome (ou au moins une partie non négligeable) se montre favorable à Sextus Pompée.
C’est aussi lors de ce pacte de Brindes que les triumvirs désignent les consuls pour l’année à venir, l’an 39 : Caius Calvisius Sabinus et Lucius Marcius Censorinus. Ils sont les deux seuls sénateurs qui avaient essayé de défendre Jules César quand ses assassins l’ont poignardé en 44 av. J.-C. [43] Leur consulat est considéré comme une reconnaissance de leur loyauté mais il peut être aussi interprété comme un affront aux républicains pompéistes.

En août 39, un accord est trouvé au traité de Misène incluant Sextus Pompée [44]. Il est nommé augure et il est reconnu gouverneur de la Sicile, de la Sardaigne, de la Corse, et de l’Achaïe pour 5 ans, et plusieurs mariages sont décidés : la fille unique de Sextus Pompée, Pompeia Magna, est donnée en mariage au neveu d’Octave, Marcellus ; et Octave a épousé Scribonia qui est la soeur du beau-père de Sextus Pompée (dont il aura une unique fille : Julia).
Sextus Pompée reçoit l’augurat et la désignation au consulat pour l’année 35, c’est à dire immédiatement après les 5 années de gouverneur de la Sicile, ce qui lui assure une certaine protection. Il recouvre la fortune de son père, évaluée à 17,5 millions de drachmes. Mais il ne doit plus recevoir d’esclaves fugitifs, ni se procurer de nouveaux vaisseaux, ni tenir aucune garnison en Italie. Il s’engage à assurer la paix maritime et à envoyer du blé à Rome.
Sur une inscription de Lilbée (ILS, 8891 = ILLRP, 426) mentionne Sextus Pompée augure et sa désignation au consulat, mais elle ne mentionne pas son titre de préfet de la flotte. Elle date de l’intervalle entre aout 39 (traité de Misène qui accorde l’augurat à Sextus Pompée) et le printemps 37 (lorsque les triumvirs le démettent de ses titres au traité de Tarente), lorsqu’il est réintégré dans les fonctions officielles et qu’il ne peut plus alors rappeler celles qu’ils n’occupent plus. Curieusement la fonction de gouverneur n’est pas indiquée non plus.

Après que le traité fut signé, la plupart des alliés de Sextus Pompée au Sénat et les anciens proscrits choisissent de profiter de l’amnistie pour rentrer dans leur foyer. Plus tard, beaucoup rejoindront le camp d’Octave ou d’Antoine. Sextus Pompée perd en fait petit à petit de nombreux et précieux alliés. Ainsi, pendant l’hiver 39-38 av. J.-C., Menas rend la Sardaigne et la Corse à Octave avec une grande partie de la flotte de Pompée et plusieurs légions. Il reçoit de l’argent et il est nommé au sein de l’Ordre équestre par Octave.

Les tensions demeurent. Octave répudie Scribonia pour épouser Livie, ce qui est pour Sextus une provocation. Il reprend son blocus et laisse les côtes italiennes à la merci des pirates.

En 38, une bataille navale oppose à Messine la flotte d’Octave à celle de Sextus Pompée. Chacun attend ses soutiens. Calvisius est retardé près de Cumes par une flotte de Menecrates. Ce dernier fut blessé et c’est son lieutenant Démocharès qui disperse les navires de Clavisius avec des trirèmes et qui rejoint ensuite Sextus Pompée devant Messine [45]. Pendant ce temps, Octave subit une lourde défaite de la part de Sextus Pompée. Lui et ses marins abandonnent les navires et se réfugient sur la côte. Sextus Pompée les incendie alors qu’une tempête survient. Elle détruit ce qu’il reste de la flotte, dont le vaisseau amiral d’Octave. Calvisius n’arrive qu’après la bataille, la victoire revenant à Sextus Pompée [46].

A Rome on ironise sur l’immobilisme d’Octave :« après avoir perdu ses navires dans deux défaites sur mer, (Octave) pour vaincre enfin, joue continuellement aux dés » [47].

Lors du pacte de Tarente, au printemps 37, Octave et Marc Antoine prolongent le triumvirat de 5 ans et Sextus Pompée est déchu de ses titres et de son poste de gouverneur. Il est prévu que Marcus Antonius Minor, fils aîné d’Antoine, épouserait Julia, fille d’Octave.

Octave construit de nouveaux navires et il demande le soutien de ses collègues. En 37, Lépide lui envoie 70 galères et Antoine 120 [48]. En échange, Antoine reçoit des légions pour la guerre d’Orient. Octave se prépare à reprendre la mer pour combattre Sextus Pompée. Il organise une cérémonie religieuse pour se concilier les dieux. Des autels sont dressés sur le rivage [49], les galères sont rangées sur deux lignes, les prêtres égorgent les victimes et font le tour des navires sous le silence observé par les marins et les soldats. Mais au moment de donner le signal du départ, une nouvelle tempête survient qui détruit à nouveau de nombreux navires.

Menas fait à nouveau défection et il rejoint Sextus Pompée en 37 avec 6 navires [50]. Caius Calvisius Sabinus, qui a Menas sous son commandement, en est tenu responsable et il est remplacé comme amiral. Sextus le surveille alors de près et Menas, mécontent d’être traité avec suspicion, change encore une fois de camp et retourne vers Octave dès 36 av. J.-C [51]

Agrippa, consul en 37, prépare la campagne contre Sextus Pompée avec méthode. Il fait construire en Campanie une base navale de toutes pièces dans un enfoncement de la baie de Pouzzoles, le Portus Julius entre Pouzzoles et Baies, en creusant un chenal dans la langue de terre séparant la mer du lac Lucrin formant un port extérieur, et un autre entre le lac Lucrin et le lac d’Averne pour servir de port intérieur [52]. Comme ils manquent de marins pour la nouvelle flotte, Octave et Agrippa affranchissent 20 000 esclaves, reprenant le procédé de Sextus Pompée en Sicile, qu’ils lui reprochaient jusque-là [53] Ses navires sont plus larges et ils sont équipés d’une nouvelle arme navale, l’harpax, une pièce de bois d’environ 2 mètres munie de crochets et lancée par une baliste, qui permet d’accrocher le bateau ennemi et l’aborder [54]. Ils sont également équipés de tours pliantes qui peuvent être érigées au moment de l’abordage [55] et furent aussi utilisées lors de la bataille d’Actium.
Il cherche ainsi à contrer l’expérience des troupes de Sextus Pompée et la supériorité tactique de ses navires plus petits et légers, capables de mener des attaques rapides et destructrices.

La défaite de Sextus Pompée en Sicile

Le sort de Sextus Pompée en Sicile se joue sur la mer qu’il contrôle depuis 7 à 8 ans. Mais désormais Agrippa devient préfet de la nouvelle flotte romaine pour Octave en 36. Il dispose d’une flotte bien entraînée de 350 à 400 navires. L’assaut sur la Sicile est coordonné avec Lépide et Octave.

Agrippa fait occuper l’île Stromboli pour sécuriser ses arrières. Lucius Cornificius, autre amiral de la flotte octavienne, parvient à capturer le navire de Demócares lors d’un combat au large de la Sicile.
La flotte d’Agrippa subit d’abord quelques revers du fait de tempêtes. Octave se décourage, mais Agrippa le convainc de ne pas renoncer [56]. Il parvient à occuper toutes les îles Lipari. Sa flotte remporte ensuite une victoire décisive à Mylae, dans le nord-est de la Sicile, le 2 août 36.

Octave échoue devant Tauromenium : sa flotte est écrasée par celle de Sextus Pompée. Octave est blessé et il doit laisser faire ses généraux. Il regagne l’Italie. Mais L. Cornificius a pu débarquer avec 3 légions.

Après avoir débarqué leurs armées en Sicile, Agrippa et Cornificius font leur jonction à Mylae non sans mal [57].

Pendant ce temps Lépide a débarqué depuis l’Afrique à proximité de Lilybée [58] qu’il assiège. Il est le seul à n’avoir pas subi de dégâts lors de son débarquement.
Alors qu’Octave et Agrippa venaient du Portus Julius, une 3e flotte, commandée par T. Statilius Taurus, consul suffect en 37 et partisan de Marc Antoine, était partie de Tarente. Elle était constituée par les 130 navires qu’Antoine avait prêtés à Octave lors de leur rencontre à Tarente en 37 [59]. Comme il a subi des dégâts importants à cause d’une tempête, Statilius Taurus a dû retourner à Tarente.

Une remarque de Dion Cassius est importante pour les émissions de monnaies de Sextus Pompée : il précise qu’après Mylae, Sextus n’a plus ni nourriture, ni argent. On ne peut donc concevoir une importante émission de monnaie à partir de cette date, au milieu de l’an 36 [60].

Sextus Pompée est enfin battu lors de la bataille de Nauloque le 3 septembre 36 av. J.-C. au nord-est de la Sicile, près du cap Pélore, entre Messine et Mylae. Le port se trouve au pied d’un promontoire.
C’est Agrippa qui commande la flotte d’Octave. Chacune des deux flottes est composée de plus de 300 bateaux. Aggripa possède plus de bâtiments lourds et il parvient à bloquer les navires de Sextus Pompée grâce à ses harpax. Un furieux combat de soldats s’engage. Agrippa ne perd que trois navires alors qu’il capture presque toute la flotte de Sextus Pompée. Celui-ci parvient à s’échapper avec 17 navires seulement [61].

Lépide rejoint alors Agrippa qui assiège Messine et huit légions pompéistes. Octave le laisse habilement avancer pour découvrir ses intentions. C’est Lépide qui reçoit la capitulation du lieutenant pompéiste et il incorpore les 8 légions aux siennes. A l’arrivée d’Octave il exige la Sicile pour lui en plus de l’Afrique.
C’est là une erreur politique de Lépide, Octave retourne son armée contre lui. Les troupes de Lépide et celles qui ont capitulé refuse de combattre les légions d’Octave. Lépide ainsi laché, Octave le destitue de sa charge de triumvir. Il se retrouve alors à la tête de toutes les forces occidentales.
Forcé par Octave, Lépide se retire de la vie politique près du Mont Circé, sur la côte du Latium jusqu’à sa mort, selon Suétone. T. Statilius Taurus est envoyé gouverner et pacifier la province d’Afrique, ce qu’il réussit sans difficulté durant deux ans et obtient pour cela le triomphe en 34 av. J.-C

Après sa défaite à Mylae, Sextus Pompée prend la fuite vers l’Orient, à Milet, avec sa fille et sa petite flotte de 17 navires où il continue le combat contre Marc Antoine. Fuyant vers l’Arménie, il est capturé en Bithynie, en 35 où il est assassiné par Marcus Titius, un lieutenant d’Antoine, autrefois sénateur proscrit par Pompée le Grand. Cet assassinat sans procès fut utilisé plus tard par Octave contre Marc Antoine.

Il avait été convenu lors de l’accord de Messine [62], que Sextus Pompée soit élu consul en 35 aux côtés de Lucius Cornificius. Mais dans les conditions politiques du moment on a choisi un cousin homonyme, petit fils d’un frère de Pompeius Strabo (le grand père de Sextus Pompée). Il s’agit donc d’une ruse dont le but est de montrer que les triumvirs ont respecté leur engagement. Mais son rôle politique à Rome est extrêmement faible [63].

Conclusions sur le monnayage des fils de Pompée

Tout en restant presque toute leur vie en opposition au Sénat et aux hommes forts de Rome, Cnaeus et Sextus Pompée ont toujours réussi à émettre des monnaies pour leurs besoins. Il disposaient donc des ressources métalliques nécessaires, en argent et en bronze, lorsqu’ils étaient en Espagne puis en Sicile, dans la décénie qui coure de 46 à 36 av. J.-C.

Cnaeus a bénéficié du soutien de monnayeurs qui ont indiqué leur nom : deniers de M. Minatius Sabinus et de M. Publicius. Il se fait représenter debout, toujours orienté à gauche. Le portrait de l’avers est toujours celui de son père Pompée le Grand, et toujours accompagné de sa titulature. Les thèmes ne font aucune allusion à Neptune ni à des victoires, mais à un chaleureux accueil.
Il faut dater ces monnaies de fin 46 à début 45 av. J.-C.

Le gouverneur de Sicile A. Pompeius Bithynicus occupe un poste officiel donnée par César. Il a fait appel aux soins de Q. Nasidius (pour les deniers d’argent) et M. Eppius (pour les as de bronze) pour battre monnaie. Dans la pure tradition romaine, le monnayeur indique son nom. L’as comprend sans surprise les thèmes traditionnels : Janus sur l’avers et une proue à droite sur le revers, tandis que l’iconographie des deniers est plus libre : le portait de l’avers des deniers est celui de Pompée le Grand orienté à droite (au dos d’un navire amenant un sauveur) ou à gauche (au dos d’une naumachie de César). Le texte mentionne la titulature de Pompée sur l’as mais Neptune sur le denier.
Il faut dater ces monnaies de l’année 44 jusqu’à fin 43 av. J.-C.

Cependant aucun nom de monnayeur n’apparaît sur les monnaies attribuées de façon certaine à Sextus Pompée. Il rappelle d’abord sa fidélité à son père et son frère (denier de la Pietas, denier des frères de Catane avec portrait de Pompée le Grand à droite), avant de montrer son propre portrait et ses victoires en Sicile. Il développe alors sa propre propagande sur 3 deniers et un aureus, à un moment où il se trouve à forces égales avec les triumvirs.
Mis à part sur un as émis en Espagne(?), Sextus n’indique jamais son propre nom mais ses titres et ses réussites. Contrairement à son frère Cnaeus, Sextus Pompée indique toujours qu’il a été salué Imperator par ses troupes (une fois, puis « répété à nouveau ») puis qu’il a été également préfet de la flotte (Praefectus classis et orae maritimae ex senatus consulto).
Il ne se montre jamais en pied. D’abord il utilise le visage de son père puis il met en avant le sien en s’accompagnant des attributs de Neptune.

Ses émissions de monnaies en Espagne sont finalement plus rares qu’il ne l’a été écrit parfois. Il ne s’agirait en fait que du denier à la Pietas, dont l’émission est forcément d’une date postérieure à Munda (mars 45) et antérieure(?) à novembre 44 (accord avec Lépide et rappel par le Sénat), et de façon certaine avant à avril 43 (nommé préfet de la flotte). Sur ce denier la Pietas apporte la palme de la paix dont l’interprétation n’est pas claire.

Sextus Pompée n’a pas émis de monnaies pendant qu’il était officiellement préfet de la flotte en 43 (le Sénat s’en chargeait pour lui). Les monnaies qui lui sont attribuées et localisées à Marseille le sont par erreur.

Après s’être imposé en Sicile fin 43 ou début 42, ses monnaies porte ses titres (imperator iterum, préfet de la fotte). Tous les deniers qui lui sont attribués ne peuvent avoir été émis au cours de la seule année 42. Ils ont dû être étalés jusqu’à l’été 39 comme le concluait S. Estiot [64].
Après l’accord trouvé à Misène en aout 39, Sextus Pompée devient officiellement gouverneur de Sicile, Sardaigne et Corse. Aucune monnaie n’indique ce titre. Pourtant il n’aurait pas manqué de le faire inscrire s’il avait alors battu monnaie. Il ne l’a donc pas fait sur une période qui s’étale de fin 39 à la reprise des hostilités en 38. Il est déchu de ses titres au printemps 37. Aucune monnaie ne peut lui être attribuée de façon certaine pour cette dernière période qui se termine lors de sa défaite en septembre 36.

Les déplacements d’une région à l’autre demandaient le contrôle des mers et l’usage de nombreux navires de transport et de guerre. Il n’est pas étonnant que ce thème soit fréquent sur les monnaies des fils de Pompée. De plus Sextus Pompée s’est réellement imposé grâce à sa flotte ce qui explique un large usage de cette thématique.
On retrouve sur les monnaies des deux frères : les proues, la poupe (une fois), les éperons, une ancre, un trophée avec un stolos et un aplustre, Neptune et le trident, un phare et le monstre Scylla. Le navire entier est représenté vers la droite par Q. Nasidius, vers la gauche sous le phare par Sextus Pompée.

L’orientation des symboles possède un sens qu’il faut décrypter. Cnaeus oriente ses proues vers la droite sur ses as dans la tradition romaine. Mais sa représentation personnelle regarde toujours à gauche et ses navires sont orientés à gauche (la proue) ou permettent de descendre vers la gauche (la poupe).
Sextus Pompée, lorsque sa puissance s’affirme, oriente ses proues à droite (sur ses as), ses navires, ses éperons et Neptune vers la gauche, et ceux des opposants vaincus vers la droite. Comme il s’estime légitime ses portraits sont orientés à droite.
L’orientation à gauche a donc un sens politique qu’on peut attribuer aux opposants au Sénat et ses représentants. L’orientation à droite exprime une légitimité (Pompée le Grand était un homme politique légitime donc presque toujours orienté à droite).
Le message est en adéquation avec leurs ambitions et leurs idéaux républicains.

Que sont-ils devenus ?

T. Statilius Taurus reste ensuite dans le camp d’Octave. Il participe à la bataille d’Actium en commandant les forces terrestres, établies sur la rive, en 31 av. J.-C. [65]. En 29 av. J.-C., il est envoyé combattre comme proconsul en Hispanie. Il bat les Cantabres, Vaccéens et Astures, durant les guerres cantabres et il est acclamé trois fois imperator par ses soldats [66]. Il fait construire avec ses propres finances le premier amphithéâtre à Rome dans la partie sud du Champ de Mars en 29 av. J.-C. En 26 av. J.-C., il est consul pour la 2e fois, aux côtés d’Octave devenu Auguste. Puis il est préfet de Rome jusqu’en 10 av. J.-C. [67]

Lucius Cornificius est nommé consul en 35 aux côtés de Sextus Pompeius [68]. Mais il est remplacé par Titus Peducaeus en cours d’année parce qu’Octave l’envoie comme proconsul d’Afrique où il succède à Titus Statilius Taurus. Il y demeure jusqu’au jour où il célèbre un triomphe pour une victoire en Afrique le 3 décembre 32 [69]. Il fait construire à ses frais un temple de Diane sur l’Aventin [70]

Q. Nasidius a fait partie des derniers fidèles de Sextus Pompée avant de rejoindre par la suite les forces de Marc Antoine où il assuma les mêmes fonctions [71]. Il commanda la flotte d’Antoine, qui fut vaincue par Agrippa à Patrae en 31 av. J.-C. avant la bataille décisive d’Actium [72].
On ne sait pas ce qu’il advint de lui et sa famille par la suite.

Marcus Lurius, ancien gouverneur de Sardaigne battu par Menas en 40, commande l’aile droite de la flotte d’octave à Actium le 2 septembre 31 av. J.-C. [73]

Caius Calvisius Sabinus, ancien fidèle de César, consul de Rome en 39, est nommé promagistrat du maintien et du rétablissement de l’ordre en Italie par Octave en 36/35 av. J.-C. [74] En 31 av. J.-C., il est un des septemviri epulones (l’un des 4 collèges de prêtres des plus importants à Rome). Il y détient le poste de curio maximus, dont le devoir est de collecter les contributions religieuses pour les curiae. Calvisius est ensuite proconsul en Hispanie à partir de 31 av. J.-C.

Menas/Menodore participe à la campagne d’Illyrie en 35 av. J.-C. avec Octave où il est tué dans les affrontements contre la tribu pannonienne des Segestani [75]

Q. Salvidienus Rufus, après sa défaite navale face à Sextus Pompée en 42, est envoyé en Hispanie. Puis il revient en Etrurie soutenir Octave qui assiège le frère de Marc Antoine à Pérouse. Après la capture de la ville en février 40, il accompagne Octave en Gaule et il est nommé consul pour l’année suivante. Pourtant proche d’octave, il est accusé de vouloir le trahir puis exécuté selon Appien et Dion Cassius, à moins qu’il ne se suicide selon Tite-Live [76].


[1Valère-Maxime, V, 2, 9

[2Plutarque, Vie de Pompée, I

[3Plutarque, Vie de Pompée, I

[4César, Bell. Afr., 64, 98 ; César, BC, II, 3-7 ; Dion Cassius, XLII, 56, 3 ; Cicéron, Atticus, XI, 17A, 3

[5Plutarque, Vie de Pompée, 87

[6Suétone, César, 52.

[7Appien, Guerres civiles, livre II, 96

[8Appien, Guerres civiles, livre II, 97

[9Dion Cassius, Histoire romaine, livre 43, 6

[10Dion Cassius, Histoire romaine, livre 43, 10-12

[11La soeur de Marcus Porcius Cato a épousé Marcus Junius Brutus, adopté par César. Tous deux feront partie de ses assassins et trouveront la mort après les batailles de Philippes en Macédoine en 42 av. J.-C.

[12Appien, BC, IV, 83

[13Appien ; BC, IV, 96

[14Dion Cassius XLVI, 55, 4

[15Roddaz 2000, p. 836.

[16Appien ; BC, IV, 94

[17Dion Cassius XLVIII, 17

[18Appien ; BC, IV, 84

[19Dion Cassius XLVI, 40, 3 ; Appien ; BC, IV, 84 & 96

[20Vell. Paterc., II, 73, 2

[21Dion Cassius XLVI, 55, 4

[22Dion Cassius XLVI, 48, 4 ; Appien ; BC, IV, 96

[23Dion Cassius, XLVIII, 17 ; Appien ; BC, IV, 96

[24Appien ; BC, IV, 96

[25Appien, BC, IV, 84

[26Dion Cassius, XLVIII,17

[27Dion Cassius, XLVIII,19

[28Appien, BC, IV, 84

[29Appien, BC, IV, 84

[30Dion Cassius, XLVIII,17

[31L. Amela Valverde, 2005, p.85

[32S. Estiot, 2006, p. 134

[33Dion Cassius XLVII, 12, 1

[34Dion Cassius XLVII, 17

[35Dion Cassius, XLVIII,18

[36Appien, Guerres civiles, IV, 85

[37Dion Cassius, XLVIII,18 ; Appien, Guerres civiles, IV, 85

[38Dion Cassius, XLVIII,19 ; Florus, II, 18, 3

[39Appien, Guerre Civiles, 5,1,3

[40Dion Cassius XLVIII, 20

[41Dion Cassius XLVIII, 30

[42S. Estiot, p. 140 ; Appien, BC, V, 67-68 ; Dion Cassius, XLVIII, 31 ; Suét., Div. Aug. XVI, 5

[43Ronald Syme, The Augustan Aristocracy, Oxford University Press, 1986, p. 33.

[44Dion Cassius, XLVIII, 36

[45Sestier, ch. XXIV

[46Appien, Bellum Civile, V, 80–92 ; Dion Cassius, LXVIII, 46-49 ; Tite Live, Periochae, 128 ; Orosio 6.18.21

[47Suét., Diu. Aug., LXX,2

[48Appien, 5, 93

[49Appien

[50Appien, Guerres civiles, V, 96 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XLVIII, 54.7.

[51Oxford Classical Dictionary, « Menas ».

[52M. Reinhold, pp. 29-32. ; P. Cosme, p. 77 ; J.-M. Roddaz, 2000, p. 872. ; E. Deniaux, 2014

[53Suét., Auguste, 16, 1 ; J.-M. Roddaz, 1984, pp. 87-117.

[54Appien, 5, 118

[55Dion Cassius, 49, 1, 2 ; E. Deniaux, 2014

[56J.-M. Roddaz, 2000, p. 873

[57Appien, Guerres civiles, V, 80, 86, 111-115 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 5-7 ; Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 79

[58Cosme 2009, p. 80 ; Roddaz 2000, p. 873

[59Appien, Guerres civiles, V, 97-118 ; Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XLIX, 14

[60Dion Cassius , XLIX, 8,5 ; S. Estiot, 2006, p. 136-137

[6117 navires selon Orose VI, 18, 29 ; 7 navires selon Florus II, 18, 9

[62Dion Cassius, Histoire romaine, XLIII, 36, 4.

[63Ronald Syme, La révolution romaine, Paris, 1967, p. 544 note 82

[64S. Estiot, 2006, p.145

[65Dion Cassius, Histoire romaine, Livre L, 13

[66Dion Cassius, Histoire romaine, Livre LI, 20

[67Tacite, Annales, VI, 11 ; Dion Cassius, Histoire romaine, Livre LIV, 9.

[68Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 18 et 33

[69Broughton, 1952, p. 418.

[70Suétone, Vies des douze Césars, Auguste, 29.

[71Appien, BC, V, 139

[72Dion Cassius L, 13, 5

[73Velleius Paterculus 2.82-87

[74Christopher Pelling, « The Triumviral Period », in Cambridge Ancient History, Cambridge University Press, 1996, p. 37

[75Dion Cassius, XLIX, 37.5-6 ; J.J. Wilkes, Dalmatia, in History of the provinces of the Roman Empire, Londra, Routledge & K. Paul, 1969, ISBN 978-0-7100-6285-7, p. 51

[76Appien, BC, V, 66 ; Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XLVIII, 33 ; Tite-Live, Periochae, 127


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