Rome Républicaine
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Analyse
Le denier romain pendant la période républicaine
Une controverse a opposé les spécialistes sur la date d’apparition des deniers à Rome. Il a fallu, pour cela, distinguer les deniers proprement romains et les monnaies précédentes qui imitaient les monnaies grecques.
En Grèce et en Asie Mineure les monnaies ont été inventées au VIIe siècle avant J.-C. Elles ont influencé tous les peuples de la Méditerranée.
Les monnaies d’argent d’inspiration grecque
En Italie centrale les ressources naturelles permettent un approvisionnement en bronze abondant (les Etrusques étaient célèbres pour leurs productions de bronze et de fer) mais l’argent est rare.
La République Romaine a donc commencé avec un monnayage de grosses monnaies de bronze coulées destinées à une utilisation dans l’Italie centrale. Quelques monnaies d’argent servaient apparemment pour faire du commerce avec les colonies grecques de l’Italie du sud. Elles apparaissent à partir de 269 avant J.-C. avec, au revers, une représentation de la louve allaitant Rémus et Romulus, puis d’autres avec Pégase ou une tête de cheval.
Ces premières monnaies inspirées des systèmes monétaires déjà en place ne constituent pas un monnayage proprement romain. Les didrachmes romains apparaissent ainsi comme un signe de l’hellénisme à Rome au début du III eme siècle.
Les monnaies d’argent vraiment romains
Le denier, qui est devenu la principale monnaie d’argent de Rome a été introduit en 211 avant J.-C., notamment grâce à l’argent obtenu lors de la prise de Syracuse l’année précédente. Il pèse théoriquement 4 scrupules d’argent (1/72 de livre d’argent, soit 4,56 g) et perdure jusqu’au début du IIIe s. ap. J.-C. Il portela marque X pou signifier qu’il vaut 10 as.
Le denier marque la rupture avec le système des drachmes à 3 et des didrachmes à 6 scrupules de l’Italie grecque.
En plus du denier, d’autres monnaies d’argent existent, telles que le demi denier, que l’on nomme quinaire (monnaie marquée V), et le quart de denier, le sesterce (marqué IIS).
Toutes ces monnaies portent à l’avers une tête de Roma casquée à droite et le revers les Dioscures au galop à droite. Les Dioscures font partie à Rome d’un héritage religieux national très ancien. On retrouve cette représentation sur les monnaies grecques, ce qui souligne la continuité de la civilisation gréco-romaine en Italie.
Plus tard, le gout de l’actualité politique et les oppositions de clans font de la monnaie romaine un instrument de propagande et une arme dans la course au pouvoir. Les innovations de type sont dictées par des préoccupations gentilices de glorification de la famille ou au début à la gloire de l’état. Les vivants profitent de la gloire des morts [1].
Les variations du denier
Le denier subit seulement deux dévaluations : la première lors de la réduction onciale de l’as et la seconde au temps de Néron (3 scrupules).
Dans les années 170 av. J.-C., le denier passe de 4 scrupules à 3,7 g.
Vers 145 av. J.-C., alors qu’il valait 10 as, il fut réévalué à 16 as (marque de valeur XVI ou en monogramme étoilé, au lieu de X) sans pour autant subir de changement de poids de type ni de nom. Ceci eut pour effet de stimuler le monnayage d’argent au détriment de celui du bronze, peu rentable.
Les ateliers de frappe
Les monnaies étaient frappées dans le temple de Juno Moneta (Junon « Conseillère »), dont l’épithète Moneta finira par désigner la « monnaie ». Quelques émissions sont réalisées dans les provinces selon les besoins liés aux déplacements des légions et des armées rivales pendant les guerres civiles.
Une commission de trois membres (les tresviri monetales, du corps vigintisévirat) était chargée du contrôle de la frappe.
Les émissions de deniers romains profitent continuellement du métal précieux apporté par le butin des conquêtes, par les mines d’argent et par les tributs. Selon Depeyrot, la masse des deniers romains au Ier s. av. J.-C. est estimée à 1 200 tonnes d’argent métal, soit un stock monétaire qui pourrait correspondre à quelque 300 millions de deniers. Un palier dans cette expansion semble être atteint après 75 av. J.-C., lorsque les auteurs latins évoquent une certaine pénurie monétaire, du fait de l’épuisement probable des mines ibériques.
[1] Frédéric Weber
Bibliographie :
