Haut Empire Romain
:|:
Document
Le bateau du mausolée de Naevoleia Tychè et de Munatius Faustus

sépulture | 1ère moitié du Ier siècle ap. J.-C.
Pompei, Campanie ( Italie )
Ce décor est l’une des plus belles représentation de navire d’époque romaine. Elle comporte de nombreux détails, elle donne une belle impression de naviguer sous le vent et elle montre les marins en activités jusque dans le gréement.
Ce grand tombeau de famille pompéienne, fouillé en 1813, se trouve sur la Via dei Sepolcri à Pompei. Il se compose d’une chambre sépulcrale construite en pierre de taille, reposant sur un gradin très élevé (hauteur : 2,66m) et portant un cippe ou sorte d’autel carré exhaussé sur deux degrés (hauteur : 2,42m). Ce monument s’élève au milieu d’une enceinte (7x8m) dont le mur mesure 3 m de hauteur, et dans laquelle on pénètre par une porte.
L’une des faces porte l’inscription suivante, placée au dessus d’une scène de sacrifice :
NAEVOLEIA I. LIB. TYCHE SIBI ET
C. MVNATIO FAVSTO AVG. ET PAGANO
CVI DECVRIONES CONSENSV POPVLI
BISELLIVM OB MERITA EIVS DECREVERVNT
HOC MONVMENTVM NAEVOLEIA TYCHE LIBERTIS SUIS
LIBERTABVSQVE ET C. MVNATI. FAVSTI VIVA FECIT.
« Naevoleia Tychè, affranchie de Julie pour soi et pour Caius Munatius Faustus, augustal et maître du bourg auquel les décurions, du consentement du peuple, décernèrent un bisellium à titre de récompense. Naevoleia vivante a érigé ce monument pour ses affranchis et affranchies et pour ceux de Caius Munatius Faustus »
Sur une autre face un bas relief présente la représentation d’un navire de commerce dirigé par un homme. Au moins 5 personnages jeunes (des enfants ?) s’appliquent à carguer les voiles.
La signification de la scène reste mystérieuse. Aucune inscription ni indices ne permettent d’affirmer qu’il s’agirait de la représentation de la profession de C. Munatius Faustus, ni de celle des affranchis évoqués dans l’inscription et qui auraient péri en mer. Rien non plus ne permet d’affirmer qu’il s’agit de la représentation symbolique de la vie de C. Munatius Faustus qui aurait eu 5 enfants.
Ce bateau marchand est intéressant pour l’étude de la navigation antique. Ses extrémités sont ornés d’acrostolia. Celle de la proue est décorée d’une tête de Minerve et la poupe est relevée en col de cygne. Mais à la proue la décoration est sur une plaque en fer verticale, un ferro comme on en trouve encore sur les gondoles vénitiennes. L’étrave est légèrement convexe et n’est donc pas dotée d’un taillemer. Au-dessus de l’étrave on distingue une perche oblique qui pourrait être un atermo, un mat portant une autre petite voile carré comme on le voit sur le navire de Sidon et d’autres documents. L. Basch y voit un bout-dehors, ces mats qui servent au déchargement en y fixant une poulie.
Sous le ferro une plate-forme à rambarde à croisillons comme on en voit beaucoup mais dont l’usage est obscur.
La coque est ceinturée par deux préceintes. Dix étais verticaux les relient. L. Basch y voit des témoins de ces poutres transversales, des barrots, qui supportaient un pont à mi-hauteur. A l’arrière du bateau, les 2 préceintes n’épousent plus la courbure de la coque. Elles sont reliées par une cloison et forment ainsi une aile, un caisson pour protéger la rame-gouvernail et en maintenir l’axe. Ce dispositif aussi est assez fréquent.
Le plat bord est renforcé par une lisse épaisse qui se prolonge à l’avant par une forte projection. Entre les deux pièces, un cercle en relief fait la jonction : l’oculus ou l’écubier. La « projection » peut être un bossoir, cette poutre extérieure qui sert de dispositif de levage pour une ancre par exemple.
La poupe s’achève en col de cygne. Derrière, une plate forme en pore-à-faux sur des poutres est dotée d’un abris semi-cylindrique, sans doute composé d’une toile sur des arceaux. Au dessus du col de cygne, un petit mat sur porte un vexille, une petit drapeau carré.
Le mat au centre du pont est probablement composé de plusieurs pièces assemblées et cerclées de métal. « Deux haubans de chaque bord assurent latéralement le maintien du mât, qui est tenu vers l’avant par un puissant étai attaché à une pièce métallique, elle même fixée par un cordage enroulé autour du sommet de l’étrave » (L. Basch). les marins qui montent dans la voile par ces cordages devaient faire preuve d’une grande agilité. le mât s’achève par un volumineux calcet usé dont les ouvertures sont effacées. Au sommet est surmonté d’un second vexille.
La vergue est composée de 2 pièces de bois assemblées. Elle étaient hissée au sommet du mat par une itague, c’est à dire une corde reliée à une poulie.
La voile est renforcée pour permettre de la carguer depuis le pont. Les cargues sont les cordes qui passent verticalement dans les renforts de la voiles puis par dessus la vergue et sur lesquelles ont peut tirer depuis le pont. Ainsi il devient possible de déplier et replier la voile plus rapidement. or le sculpteur a commis ici une légère erreur en représentant ces cargues derrière la voile, c’est à dire au devant d’elle. Elles auraient dû passer à l’arrière de la voile et être visibles du spectateur. Mais cela aurait alourdi la sculpture bien plus qu’un trait fin sur un dessin.
Mais le sculpteur n’a pas pu inventer cette structure devant le marin sur le pont qui tire les cargues. L’extrémité de chaque corde passe à l’intérieur de ce que L. Basch analyse comme un treuil composé de réas autour desquels elles s’enroulent, le tout étant posé sur un chevalet. Un tel treuil n’est représenté sur aucun autre document.
L’équipage est donc en train de carguer la voile. Deux hommes sont couchés sur la vergue, deux autres montent par les cordages (à moins que ce soient les mêmes personnes vues à un moment différent) et un cinquième tire les cargues.
Bibliographie :







