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Sarcophage d’Iphigénie de Marseille

réf. : fr.1463.2016 | 5 juin 2016 | par Francis Leveque
sarcophage | 3e quart du IIe siècle ap. J.-C.
Martigue (Maritima Avaticorum), Gaule ( France )
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L’embarquement d’Iphigénie est un thème fréquent sur les sarcophages romains du IIe s.

Fragment de la face principale d’un sarcophage en marbre, de type « métropolitain », produit dans un atelier secondaire de Rome travaillant vers 160 ap. J.-C. Il a été découvert à Jonquières, un quartier de Martigues, en 1804, dans la cour de la maison puis il a été offert à l’Académie des sciences, arts et lettres de Marseille vers 1806. Il est conservé dans la salle des séances de l’Académie.

Dimensions :
- hauteur : 44,7 cm
- largeur : 38 cm en haut, 45 cm en bas
- épaisseur de la plaque : 7,2 cm et 13,7 cm

Une figure féminine, vue de profil vers la droite, monte sur la passerelle d’un bateau pour embarquer. Elle est habillée d’un chiton à apoptygma qui glisse sur son épaule droite et d’un manteau, gonflé par le vent. Son pied gauche est posé sur la passerelle, un homme nu, vers la gauche, lui tend les bras pour l’aider à monter. La femme porte sur son épaule gauche une statue qu’elle maintient de sa main gauche.

Les proportions du bateau ne sont pas respectées par rapport aux figures humaines. Sa poupe est ronde, son l’extrémité haute se termine par un aplustre sommairement décorée de trois crêtes. La passerelle prend appuis sur un élément rectangulaire qui peut être la caisse de gouverne protégeant le gouvernail, ou l’extrémité de la caisse de rames. Le gouvernail, symbole du voyage, manque car le bateau est accosté ; c’est la passerelle qui symbolise l’immobilisation du navire. A mi-hauteur de la coque la ligne en saillie est une préceinte.
Sous le bateau les flots et des rochers sont figurés.

Derrière la femme, un peu avant la cassure, se trouve un arbre reconnaissable grâce à deux branches sciées. Au sol on distingue le haut de la tête d’un homme mort. La femme est donc en train de fuir, et cette fuite est violente.

Interprétation

Différentes hypothèses ont été émises pour explique cette scène. La première interprétation mythologique retenue par les savants locaux au moment de la découverte impliquait Aristarchè qui nous est connue, pour une seule et unique fois, par les écrits de Strabon (Géographie, IV, 1,4), contemporain d’Auguste. Aucun texte ni aucun document figuré ne reprend cette légende. Aristarchè, originaire d’Éphèse, aurait conduit les phocéens lors de la fondation de Marseille, emportant avec elle une copie de la déesse Athéna d’Ephèse. Or cette explication n’est pas très satisfaisante, et elle laisse de côté un aspect violent de la scène représenté par l’homme mort.

Espérandieu y voyait une représentation de l’enlèvement d’Hélène. Si la scène est figurée sur de nombreuses peintures et des reliefs, elle n’est jamais représentée sur un sarcophage (Gaggadis-Robin, p.11-12).

Pour Gaggadis-Robin, l’iconographie du sarcophage s’adapte mieux au mythe d’Iphigénie, bien connu grâce à la tragédie d’Euripide. Fille de Clytemnestre et d’Agamemnon, elle est sauvée in extremis par Artémis du sacrifice organisé par son père, à Aulis, pour que les vents soient favorables à l’armée grecque prête à partir contre Troie. La déesse l’emporte en Tauride, la Crimée actuelle, où elle devient prêtresse du sanctuaire d’Artémis chargée de mettre à mort les étrangers qui accostent cette terre inhospitalière. Mais elle ne se résout pas à immoler Oreste, son frère, accompagné de Pylade, capturés pas les Taures. Par ruse elle convainc Thoas, le roi de Tauride, de pratiquer un rite spécial nécessitant le transport de la statue de culte jusqu’au rivage. Les Taures s’aperçoivent de la réalité, le combat s’engage au bord de la mer. La fuite des jeunes gens est rendue possible par l’apparition d’Athéna.

La vie d’Iphigénie inspire largement les grecs du IVe siècle av. J.-C. Les romains ont préféré la dernière scène dont on connait une vingtaine représentations sur des sarcophages issus d’ateliers de Rome ou de l’Attique, ou sur divers monuments funéraires jusqu’en Germanie ou en Pannonie.

     

Bibliographie :

  • E. Espérandieu , Recueil général des sculptures sur pierre de la Gaule (Espérandieu I), vol. I, Alpes Maritimes, Alpes Cottiennes, Corse, Narbonnaise , Paris , 1907, n° 120
  • V. Gaggadis-Robin, Iphigénie à Marseille, Note sur un fragment de sarcophage mal connu, in Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, vol. 75 , 1996
  • F. GATEAU, F. TREMENT, F. VERDIN, Carte archéologique de la Gaule, L’Etang de Berre (CAG (Etang de Berre)), in Carte archéologique de la Gaule, vol. 13/1, L Etang de Berre , Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris , 1996, p.56, n° 14, fig. 104
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