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  Grèce hellénistique   :|:   Synthèse
 
Rhodes hellénistique
réf. : | 15 novembre 2009 | par Francis Leveque
IIe - IIIe siècle av. J.-C.
Rhodes, Iles de l’Egée ( Grèce )
 

Pendant près d’un siècle et demi Rhodes a tenu une place incontournable dans les relations entre les cités hellénistiques. Elle doit son rang notamment à la qualité de sa flotte militaire qui lui a permis de contrôler les mers et d’être considéré comme le gendarme du monde méditerranéen.

Rhodes pendant la période hellénisitique

En 322 av. J.-C., Rhodes est intégrée à l’empire d’Alexandre le Grand. Après sa mort, Rhodes entretient des relations commerciales étroites avec le royaume lagide installé en Égypte.
Ses vins sont exportés partout dans le monde grec et jusque dans les cités grecques de mer Noire. Sa prospérité économique tient donc à l’importance de son commerce maritime et donc à ses navires de commerce.
Ses écoles de philosophie, rhétorique, sciences et littérature rivalisent avec celle d’Alexandrie.

En 305, Démétrios fait le siège de Rhodes et y gagne le surnom de Poliorcète (« preneur de ville »). Ptolémée, secondé par Lysimaque et Cassandre, apporte un secours militaire et financier à Rhodes ; Ptolémée reçoit alors l’épithète de Sôter (« sauveur »). Le Colosse de Rhodes, une statue d’Hélios en bronze, rappelle le souvenir de la résistance victorieuse à Démétrios Poliorcète.

En 249, un étonnant Hannibal dit le Rhodien entre et sort de Lilybée assiégée par la flotte romaine. Son navire ne fut battu que par un vaisseau à quatre rangs de rameurs capturé par les romains (Polybe, Histoire, livre I, 46-47).

Après un premier tremblement de terre en 226 av. J.-C., la cité est ruinée et le Colosse du port est détruit. Mais en 220 av. J.-C. elle peut remporter une guerre face à Byzance qui voulait établir un péage sur le passage des navires vers la mer Noire (Polybe, IV, 45-52).

De nombreux avantages sont accordés à Rhodes par les grandes puissances (Polybe, livre V, XVIII).

En 202-200, Philippe V, allié d’Antiochos III, veut restaurer la puissance maritime macédonienne en Égée. Il attaque les cités libres alliées aux Étoliens, s’allie avec Prusias de Bithynie, puis prend les Cyclades (lagides). Rhodes s’allie à Pergame, Byzance, Chios et Cyzique contre Philippe V.
Victoire à Chios (202 av. J.-C.) contre Antiochos III. Lors de cette bataille, les Rhodiens faisaient piquer du nez à leurs navires pour que leurs éperons endommagent les œuvres vives de l’ennemi. Dans le même récit, Polybe rapporte qu’"un navire rhodien qui avait éperonné un adversaire laissa son éperon dans le flanc de celui-ci mais succomba car il faisait eau par l’avant" (Polybe, XVI, 2-9).
Philippe V bat ensuite les Rhodiens à Ladè. Puis, avec Attale, les rhodiens font appel à Rome qui intervient contre Philippe V.

En 190 av. J.-C. Rhodes est en lutte contre Antiochos III de Syrie. La flotte rhodienne de 36 navires est surprise dans le port de Samos ; seuls 7 navires ont pu s’échapper. Mais la flotte est victorieuse la même année à Sidè (Pamphylie) et à Myonnisos contre la flotte séleucide d’Antiochos III commandée par Hannibal (Cornelius Nepos, Vies des grands capitaines, Hannibal, VII). Rome et ses alliés contrôlent l’Egée.

En 173 av. J.-C., Rhodes allie à Rome contre Persée (fils de Philippe V de Macédoine). Mais après son attitude ambiguë pendant la guerre, Rhodes signe un traité inégal. L’île devient un centre culturel apprécié des familles romaines. Mais Rome revient bientôt sur ses accords au profit de Délos devenu un port franc en 166 av. J.-C. et rabaisse l’influence et la prospérité de Rhodes.

La flotte rhodienne

La supériorité de la flotte rhodienne provenait de la qualité de leurs navires. Le secret de leur fabrication était bien gardé. L’accès aux arsenaux était interdit aux personnes non autorisées (Strabon, XIV, 2-5).

La hardiesse d’Hannibal le Rhodien provient peut être qu’il utilise un navire rhodien. Son surnom révélé par Polybe s’explique surement de la même manière. Rhodes aurait alors fourni un soutien à Carthage dans sa lutte avec Rome en 250 av. J.-C. ? Ou Carthage aurait-elle adapté l’innovation rhodienne que les romains auraient ensuite surnommé ainsi par similitude ?


Bibliographie :

  • O. Picard, Royaumes et cités hellénistiques : des années 323-55 av. J.-C., SEDES, Paris , 2003
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