Haut Empire Romain
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Analyse
Pompei - Les thermes suburbains

Début du Ier siècle ap. J.-C.
Pompei, Campanie ( Italie )
Situés à l’une des entrées de la ville, ces thermes étaient les plus modernes de Pompei. Outre les propositions érotiques liées à une probable prostitution, nous retiendrons surtout le programme aquatique des peintures du nymphaeum chargées de transporter les clients vers de lointaines rêveries.
Fouillé à plusieurs reprises entre 1950 et 1988, les thermes suburbains sont situés sur une terrasse artificielle immédiatement à l’extérieur des murs de la ville, près de la Porte Marine, d’où on jouissait d’une vue sur la mer.
Les bains suburbains ont été construits dans un espace autrefois occupé par une lagune et des marécages. Une série de bornes pour l’attache de bateaux, placés dans un long mur en opus reticulatum visible à l’extérieur, au nord du bâtiment, montre que les bateaux pouvaient initialement accéder. A l’époque impériale, à la suite de l’ensablement progressif de la côte, cet espace a été gagné sur la mer et il est devenu constructible.
Propriété d’un entrepreneur privé, les thermes étaient articulés sur deux niveaux accessibles directement de la rue Marine et communiquant entre eux par un escalier interne.
Sur le mur sud du nymphaeum, une fresque représente deux navires qui sortent du port d’Alexandrie au registre inférieur, une naumachie de 2 navires au registre supérieur. Sur le mur nord, la fresque sur fond bleu devait avoir le même thème mais elle a disparu, on retrouve une naumachie au registre supérieur.
Le niveau inférieur constitue la structure d’origine de l’édifice, daté de l’époque d’Auguste. Elle se composait de l’apodyterium (salle d’entrée) [d], du frigidarium (la pièce froide) [e], du tepidarium (la salle tiède) [g], du laconicum (salle de transpiration sèche, une souvent petite rotonde où se trouvait un fourneau) [h] et du calidarium (les bains chauds) [i]. Par la suite, des travaux d’agrandissement ont ajouté la natatio (la piscine), trois salles offrant une alternative aux thermes traditionnels et un nymphaeum (un bassin avec cascade) [f].
Ce sont ainsi les termes les plus modernes de la ville, dotés d’importantes innovations dans les installations et les systèmes de chauffage. L’édifice ne présente pas non plus de distinction entre la partie masculine et la partie féminine contrairement aux autres thermes de la cité.
La structure a subi plusieurs dommages après le tremblement de terre de 62 ap. J.-C., nécessitant des travaux de restauration et de consolidation. Certains de ces travaux étaient en cours au moment de l’éruption du Vésuve en 79.
Ces thermes sont surtout connus pour leur décoration : une mosaïque polychrome représentant Mars accompagné d’amours orne la niche avec fontaine du nymphaeum, les stucs en relief sur la voute du frigidarium, et les fameux petits tableaux érotiques du vestiaire (il n’en reste que 8 sur les 16 d’origine).
On accédait à l’étage par l’escalier. On trouvait là des chambres, des suites et de vraies cabines avec vue panoramique sur la mer, sans doute pour y mettre en oeuvre les propositions suggérées par les peintures vues dans le vestiaire ...
Le nymphaeum retiendra davantage notre attention thématique. Outre la cascade, tous ses murs sont peints sur des thèmes maritimes : des paysages sacrés avec présence de faune typique des bords du Nil, Europe sur le taureau, un panneau avec des animaux marins. On trouve une naumachie peinte sur la face nord et sur la face sud de la pièce.