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  Crète minoenne   :|:   Analyse

Les navires à aileron de dérive d’Akrotiri

réf. : fr.249.2008 | 16 octobre 2008 | par Francis Leveque
peinture | Début du IIe siècle av. J.-C.
Théra (Santorin), Iles de l’Egée ( Grèce )
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La grande fresque nous détail une douzaine de navires différents, de grande taille ou plus modestes.

Parmi la grande flotte minoenne, 6 navires ont une forme homogène. Leur forme générale est celle des navires en croissant. Seule la coque du navire amiral est peinte de lion dans l’attitude dire du “galop volant”. Je ne vois pas comment on pourrait ainsi attribuer l’antériorité de la peinture sur la coque des navires à l’Egypte ; l’idée peut très naturellement survenir idans plusieurs endroits du monde en toute indépendance.

La poupe bien arrondie remonte assez haut. Sur les navires n°3, 4, 5 et 7 une figure de lion ou de faucon orne l’intérieur de la poupe. L. Basch voulait y voir des décorations égyptisante, mais il admettait ne pas connaître de représentation similaire de la même époque en Egypte.

A l’arrière, une structure longue triangulaire située sous la ligne de flottaison est appelée aileron de dérive. Elle permet de maintenir la direction pour les navires long et sans quille. L’aileron joue donc le même rôle que la quille. Par contre il gène l’échouage par l’arrière. Cette aileron n’a pas eu par la suite beaucoup de succès (pour cette raison ?). Ce type de navire en croissant et avec aileron ne devait pas être adapté à un usage de haute mer de plus en plus fréquent. Il réapparait cependant au IIe s. av. J.-C. sur des monnaies des Bottiens, en Macédoine.

Tous les navires sont pourvus à la poupe d’une cabine personnelle. Elle est constituée systématiquement de 3 poutres verticales entre lesquels il semblerait qu’une toile soit tendue (elle s’affaisse entre chaque poutre). Un seul personnage occupe cette cabine. S’agit-il du capitaine du navire ou d’un autre personnage important ? Le sommet de la poutre centrale de la cabine semble souvent ornée d’une enseigne(?), dont le motif a souvent été rapproché d’un hiéroglyphe égyptien (Ce rapprochement a surtout permis de créer des liens avec l’Egypte, liens que les auteurs s’obstinaient à vouloir démontrer.).

Un petit personnage est assis juste devant la cabine. Très discret, il semble essentiel (sinon le peintre n’aurait pas pris la peine de le figure systématiquement sur chaque navire). Il peut s’agir d’un personnage de modeste statut au service du personnage de la cabine derrière lui.

Sur chaque navire, un élégant timonier est disposé debout devant la cabine. Il se tient très droit ce qui lui donne une allure fière. Il manipule un seul gouvernail avec ses 2 mains. Il faut admettre qu’en mer Egée cette posture est rare ; les timoniers debout se rencontrent plutôt en Egypte, sur le Nil. Mais les tenants d’une influence égpytienne affirme que la destination de la flotte est une ville côtière d’Afrique ; la flotte n’entre donc pas sur le cours du Nil et les timoniers de la flotte n’ont donc pas besoin de se tenir ainsi selon une attitude purement égyptienne.

Un siège est figuré devant les timonier. Ce siège tourne manifestement le dos à la marche du navire. L’occupant du siège fait face au personnage de la cabine de poupe.

Sur chaque navires des traits obliques donnent une indication claire du mode de propulsion humain : il s’agit de pagayeurs. En effet, systématique ment, 2 traits obliques, vers le bas à droite, rejoignent un trait orienté dans le sens opposé. Il s’agit là de la représentation des 2 bras des pagayeurs dont les mains tiennent la pagaie. On en dénombre une vingtaine sur chaque navire sans qu’on puisse affirmer si ce nombre correspond précisément à la réalité ou à l’esthétique de la fresque. Manifestement l’équipage est volontaire masqué. Il n’est pas mis en valeur comme en Egypte. Il n’est donc pas l’intérêt principal du commanditaire.

Lorsque le navire est pourvu d’un mat (navires n°3, 5, et 6 ), il est flanqué à son sommet d’une double série d’anneau (comme sur les navires d’Hatshepsout à Deir el Bhari). Ils servaient à faire passer les balancines des vergues. Celles-ci ne sont pas représentées : les navires ici ne sont pas propulsés grâce à leur voile mais uniquement grâce à leurs pagayeurs. DétailLes navires sont ici représentés un jour de fête, les cordes qui passent dans les anneaux sont décorées telles des guirlandes.

La proue est très allongée et très fine. Systématiquement cette structure est ornée d’une sorte de feuillage, à moins qu’il ne s’agisse de la familière silhouette minoenne de l’oiseau.


Bibliographie :

  • L. Basch, Le musée imaginaire de la marine antique (MIMA), Institut hellénique pour la préservation de la tradition nautique, Athènes , 1987, p.117-132
  • Ch. Doumas, Navigation tôt dans la mer Egée, in Periplous Histoire Navale, éd. Musée naval de la Grèce , 2000
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