Rome Républicaine
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Document
As de bronze de Sextus Pompée Imperator
As de bronze coulé de 30 mm de diamètre, pesant 23,45 g.
Nom de l’atelier : Sicile
Date : début 42 av. J.-C.
Recto :
MAGN
Traduction : Magn(us)
[Pompée] le Grand
Description : Tête couronnée de Janus
Verso :
Texte : PIUS / IMP
Traduction : Pius / Imp(erator)
(Pieux / Imperator)
Description : proue de navire de guerre à droite.
Commentaire :
Après la défaite et la mort de Pompée en 48 av. J.-C., ses fils se rassemblent dans la province d’Afrique avec Caton d’Utique, Metellus Scipion et quelques sénateurs. Ils sont battus à la Bataille de Thapsus en 46 av. J.-C. mais Cnaeus et Sextus Pompée réussissent à s’enfuir en Hispanie où ils sont rejoints par Titus Labienus, un ancien général de César.
Deux légions de vétérans d’Hispanie Inférieure se sont déclarés fidèles aux fils du grand Pompée. Les rebelles lèvent d’autres légions en Hispanie. Cn. Pompée est mort suite à la Bataille de Munda le 17 mars 45 av. J.-C. remportée par César. Sextus Pompée, le fils cadet, a survécu. Il continue la lutte et obtient même des succès en Bétique contre Asinius Pollion début 44, ce qui lui permet d’être salué imperator par ses troupes.
Après l’assassinat de César en mars 44, auquel Sextus Pompée n’a pas participé, et sur demande de Lépide avec lequel ils ont conclue un accord, le Sénat Romain le nomme préfet de la flotte de la République et des côtes romaines en avril 43. Six mois plus tard, à la demande d’Octave, le Sénat déclare Sextus Pompée « ennemi public ».
Puis Sextus Pompée prend le contrôle de la Sicile fin 43 ou début 42. Il obtient une victoire navale importante contre la flotte d’Octave commandée par Salvidienus en 42 au large du promontoire de Scyllaeum [1] et il est à nouveau acclamé imperator pour la 2e fois. Il devient maître de la Méditerranée et fut même surnommé le « fils de Neptune ».
Sextus Pompée intercepte alors les navires de ravitaillement de blé à destination de Rome. Il réussit à rassembler une importante flotte et s’empare de la Corse-Sardaigne et de la Sicile en 41 av. J.-C.
Après avoir été écarté du pacte de Brindes, Sextus Pompée est intégré au traité de Misène. Une courte trêve est trouvée en 39 et il devient officiellement gouverneur de la Sicile, de la Sardaigne, de la Corse, et de l’Achaïe. Mais les hostilités reprennent l’année suivante. Malgré une deuxième victoire sur Octave à Messine, devant le promontoire du Scyllaeum, Sextus Pompée ne peut empêcher une défaite par Octave et Agrippa lors de la bataille de Nauloque en 36 av. J.-C. Après avoir pris la fuite vers l’Orient, à Milet, il est assassiné l’année suivante en Bithynie, sur l’ordre de Marc Antoine.
Datation
Après la mort de César en mars 44, Sextus Pompée continue la lutte en Hispanie et obtient même des succès en Bétique contre Asinius Pollion. Ces réussites lui ont valu d’être salué imperator pour la 1ère fois par ses troupes à la fin de l’été 44 puis une seconde fois sans doute suite à sa victoire navale sur Q. Salvidienus Rufus à l’été 42.
Martini émettait l’hypothèse d’une émission sicilienne, selon 3 types chronologiques, de 43 à 36 av. J.-C. Hoover, et Puglisi l’incluaient aussi dans leur sélection sicilienne mais pas la RRC 478. Puglisi en donnait même une liste détaillée. L. Amela Valverde l’associe à la série RRC 511 pour ce qu’elle couvrirait les besoins en monnaie de la vie quotidienne en Sicile pendant la direction de Sextus Pompée. Il lui attribue deux ateliers à Catane et Messine [2].
Or cet as ne comporte pas la titulature de Sextus Pompée (préfet de la flotte) alors qu’elle est présente sur tous ses deniers sur la série RRC 511. Il faut voir ici plutôt celle qui correspond à son père, Pompée le Grand. Si la mention imperator peut être assimilée à la sienne, elle ne correspond à une période antérieure à sa seconde acclamation qu’il mentionne aussi sur ses deniers siciliens.
Le monnayeur précédant, M. Eppius, n’est plus indiqué. Il a certainement été démis de ses fonctions en Sicile, soit par décision, soit naturellement à la fin d’un mandat annuel, sans doute fin 43.
L’absence du nom d’un responsable de l’émission monétaire sur cet as nous interroge. Ou Sextus Pompée ne dispose de personne pour prendre la responsabilité de l’émission monétaire et/ou pour s’afficher avec lui, ou c’est lui qui ne souhaite pas associer son nom à un autre personnage.
Il manque à ma connaissance la localisation des découvertes de cette monnaie pour étoffer mon hypothèse. La présentation de Puglisi semble indiquer une absence en Espagne mais une relative abondance en Sicile. Amela Valverde approuvait une origine sicilienne [3].
Cette monnaie aurait été émise avant l’été 42 sous l’autorité de Sextus Pompée, soit en Espagne entre avril 45 (Munda) et l’été 44 av. J.-C. (accord trouvé avec le Sénat), soit en Sicile au début de l’année 42 lorsqu’il s’impose sur Bithynicus mais qu’il n’est pas encore acclamé imperator iterum. Cette hypothèse sicilienne serait la plus argumentée.
Les deux visages de Janus ne sont pas identiques. Celui de droite paraît plus jeune que celui de gauche. Il peut s’agir de la représentation de Sextus Pompée (ou son frère décédé Cnaeus) et de Pompée le Grand, son père.
Leur coiffure porte une couronne dont les pintes sont des épis de blé. Ce détail milite pour un monnayage en Sicile à une époque où Sexus Pompée bloque les navires de ravitaillement pour Rome. Il montre ainsi qu’il en dispose en grande quantité.
Cette pièce de bronze n’est peut-être qu’une variante de la monnaie RRC 471.
La proue de navire est orienté à droite. L’éperon est dans l’axe d’une double ligne horizontale en bas du dessin que l’on peut interpréter comme la quille ou comme une préceinte. Les monnaies contemporaines montrent plutôt que c’est une préceinte qui soutient l’éperon et qui absorbe le choc.
Il s’agit d’un éperon trident, mais seules les 2 lames du bas sont dans l’axe du support.
Une préceinte haute, horizontale, moins épaisse, soutient une proéminence qui a l’allure d’une tête de loup. Il s’agit d’un proembolon à mi-hauteur de l’étrave.
Au dessus, de l’étrave, Un puissant faux-stolos protège le pont. On y distingue le sommet d’un abri surmonté de 3 petits piquets. Un portique de pont, sur cet abri, est aussi surmonté de 3 piquets.
La base du faux-stolos est marquée par un cerclage de 2 lignes.
Sur le bordé de la proue, un oeil apotropaïque protège le navire.
A gauche, un cadre contient une étoile. Il peut s’agir d’un bastingage à croisillons comme on en voit fréquemment.
Bibliographie :












